ONU : conférence de presse d’Emmanuel Macron


(extrait de la vidéo – ONU)

Conférence de Presse d’Emmanuel Macron après sa déclaration à l’Assemblée Générale de l’ONU

RTL (0h01) : Opposition de plus en plus frontale entre vous et Donald Trump. [N’est-elle] pas inégale [face à la] première puissance économique mondiale ?

Emmanuel Macron : [Je ne m’exprimais pas tout à l’heure uniquement au nom de la France]. J’essaye de défendre une vision des valeurs, un projet politique, que nous avons construit au delà de notre pays, qui est porté par l’Union Européenne, mais surtout est l’objet même des nations unies et des agences qu’elle porte.
– Quand on se bat pour l’Accord de Paris, on se bat pour un accord que nous avons – nous tous, puissances souveraines – signé et que nous voulons respecter. Qui s’isole ? Pas la France. Et est-ce qu’on a des résultats ? Oui, puisque personne d’autre n’a suivi ce mouvement. On avance, on ne va pas assez vite, je le disais tout à l’heure […] Tout ceux qui disaient « Les États-Unis sortent de l’accord de Paris, c’est fini, il n’y en a plus » se sont trompés.
– En matière commerciale c’est pareil. Est-ce qu’elles sont satisfaisantes à tous égards ? Non. Mais est-ce qu’on les règle en revenant au protectionnisme et à la guerre commerciale ? Je ne crois pas.
Quand je m’exprime pour la coopération avec les organisations régionales, pour la défense de ce que nous avons créés, nous tous, souverainement au sein de l’ONU (La Cour Pénale Internationale, l’UNRWA, l’UNESCO, etc.) je défends seulement ce que nous avons fait comme peuples souverains.
Il ne faut pas voir une opposition entre deux pays. Il faut voir simplement le fait que la France est attachée à défendre l’organisation des Nations Unies, les principes qui font son action internationale, et l’universalisme qui a conduit à créer l’ONU même.
Je ne verrai pas ce qui vient de se passer comme une opposition entre deux pays, mais plutôt dans le fait qu’on n’a pas forcément à se résoudre à la décision unilatérale d’un pays de sortir du cours de la coopération internationale et du multilatéralisme. C’est très différent.

[…]

Le Quotidien (0h06) : Pourquoi avez-vous maltraité votre pupitre à la fin [de votre discours]. Donald Trump n’était pas là pendant votre discours, qu’attendez-vous de cet homme politique pour le moins instable ?

Emmanuel Macron : (souriant) Je présenterai toutes mes excuses au pupitre, je vais essayer de ne pas casser celui-ci… Je me suis emporté parce que je crois profondément dans ce que je dis : […] dans la période que nous vivons […] les risques qui sont devant nous, c’est soit le cynisme, soit s’habituer au cynisme. Si on est tous endormis à s’habituer aux pires des discours, je ne pense pas que l’on soit à la hauteur de l’Histoire. […] Nous avons eu une discussion hier avec le président Trump, qui a permis de constater des désaccord sur certains sujets mais [aussi] d’avancer. Je voudrais avancer avec les États-Unis sur plusieurs sujets :
– Syrie : il y a un changement de l’engagement américain dans la matière que je veux saluer. Les États-Unis d’Amérique sont davantage engagés aujourd’hui dans la Syrie. Sont d’accord avec nous sur l’importance de l’urgence humanitaire sur la région d’Idlib. Et ont la volonté, comme nous, de privilégier le règlement politique de la situation, […] d’accélérer les travaux sur le plan institutionnel et électoral. J’attends beaucoup du président américain sur ce point, ce qui [démontrerait que] le respect de la souveraineté d’un peuple et […] la coordination régionale et internationale [puissent] produire des résultats.
– Iran : […] on a un désaccord méthodologique sur l’accord de 2015, mais je vois que les États-Unis veulent obtenir un accord de l’Iran. [Donald Trump] le dit lui-même en étant très dur sur le régime : il souhaite pouvoir obtenir des garanties sur le nucléaire, le balistique, et la présence régionale. Ce qui est exactement la ligne que nous avons défendue il y a un an. […] Je souhaite que nous puissions construire avec des méthodes différentes la méthode qui permettra d’avoir des solutions durables sur le sujet iranien.
– sur les sujets commerciaux : L’Union Européenne est en train de discuter mais je souhaite qu’on puisse limiter les conflits et je me félicite des débuts de dialogues qu’il y a eu […] au début de l’été. Je pense qu’au cas par cas on arrive à convaincre que la coopération est une bonne méthode.
– Accords de Paris : je souhaite que les États-Unis le rejoignent, bien que j’aie peu d’espoirs à court terme pour être [franc]. Cela veut dire qu’on doit accélérer.
– Cour Pénale Internationale : je regrette la décision qui a été prise, l’UNRWA et l’UNESCO. J’espère qu’il pourra y revenir, en particulier sur l’UNESCO. Mais moi ma [position] c’est de ne rien céder sur la force des valeurs des messages que nous portons, et de travailler avec les Etats-Unis qui sont un partenaire en matière de sécurité et de règlement des crises régionales de la manière la plus efficace possible.

Les échos (0h18) : Le président Trump a dit que les États-Unis sont prêts à vendre davantage de pétrole, de gaz et de charbon, exporter davantage de soja. Est-ce que la France est prête à acheter davantage de GNL et de soja américain, en particulier si les américains ne reviennent pas dans l’accord de Paris ?

Emmanuel Macron : j’ai été très clair sur tous les accords commerciaux qui viendraient à être signés : ils doivent respecter les accords de Paris. […] Des discussions sont en cours qui couvrent tous ces sujets […]
– [sur l’énergie] la France n’a pas particulièrement besoin de GNL. Nous sommes attachés à une vraie souveraineté énergétique, française et Européenne. C’est au coeur de [notre] stratégie énergétique, que [je présenterai] dans quelques semaines […]. Nous ne sommes pas une puissance importatrice sur ces volets-là.
– Sur le volet agricole, je crois également à une souveraineté européenne. Je suis redevable devant mes concitoyens de garantir les standards de qualité alimentaire auxquels nous tenons […] sans OGM […]. On n’importera pas de produits qui ne respectent pas les normes européennes ou les contraintes qu’on impose à nos propres producteurs.

[…]

L’Opinion (0h34) : Décision unilatérale frappant l’Iran avec conséquences importantes pour les entreprises étrangères commerçant avec l’Iran.

Emmanuel Macron : Je suis favorable à ce que l’Europe renforce sa souveraineté économique et financière. Je pense qu’il n’est pas bon pour l’Europe qu’une décision unilatérale américaine conduise des entreprises européennes à ne pas pouvoir continuer à s’inscrire dans le cadre de ce qui est la décision européenne. ET aujourd’hui l’extraterritorialité de fait de certaines décisions américaines, par le truchement de l’extraterritorialité du dollar est une mauvaise chose.
– C’est pourquoi je suis favorable à un euro plus fort, donc à une zone euro plus cohérente et approfondie, parce que c’est ça qui fera de l’Euro une vraie monnaie de réserve alternative et un point de référence en contrebalancement du dollar.
– C’est pourquoi je suis favorable à des règles sur le plan commercial, financier et économique, qui renforcent la souveraineté européenne, avec les infrastructures de marché qui l’accompagnent.
C’est ce que j’ai poussé sur la table du conseil et pour moi c’est un de des choses que le prochain mandat de la commission et du parlement européen doivent mettre en oeuvre.

 

(D’autres questions ont été posées sur l’Aquarius et le droit d’asile, l’Inde, l’armement et la pauvreté. Refuser les accord avec les USA, étant donné qu’ils ne sont pas dans l’accord de Paris ? Quels pouvoirs pour faire évoluer le G7 ? Reconnaissance des Kurdes luttant contre Daech. Stratégie américaine en Iran et commerce Européen avec l’Iran. Trump insatisfait de la fixation à la hausse par l’OPEP du prix du pétrole.)

(Retranscription Godefroy Troude)

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