Le TOP 50 des livres de Nathalie

Voici les livres qui m’ont particulièrement marquée depuis mon adolescence jusqu’à aujourd’hui, du plus récent au plus ancien (liste non définitive et non exhaustive !). Cette liste « Romans et récits » est suivie par une liste « Essais »

  • 2022 Le Mage du Kremlin, de Giuliano da Empoli
  • 2022 Connemara de Nicolas Mathieu
  • 2020 Une terre promise, de Barack Obama
  • 2018 J’ai couru vers le Nil de Alaa El Aswany
  • 2018 La petite fille sur la banquise, de Adelaïde Bon
  • 2017 Tous, sauf moi de Francesca Mélandri
  • 2017 La nuit des béguines de Aline Kiner
  • 2011 Certaines n’avaient jamais vu la mer  de Julie Otsuka

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Roman « Le mage du Kremlin » de Giuliano da Empoli

Un roman passionnant à l’écriture fluide qui fait le récit de 15 années dans les coulisses directes du pouvoir du « tsar » Poutine, en imaginant le récit d’un conseiller mi-artiste mi-Machiavel ayant réellement existé. Il donne une interprétation très convaincante du prisme de pensée de Poutine, son implacable volonté de restauration de l’autorité et de revanche sur les humiliations ressenties vis à vis des puissances occidentales. Il souligne la  rupture avec l’ère capitaliste jugée totalement délétère sous Elstine, ainsi que la guerre et la fabrication du chaos en Occident comme démonstration de la grandeur russe retrouvée. Cela fait froid dans le dos tellement c’est plausible…

Nathalie

Spectacle « Les Essais » : un one-man-show du XVIe siècle par Hervé Briaux au théâtre de poche Montparnasse

Ce court spectacle a été une révélation : Hervé Briaux a sélectionné et adapté certaines parties des Essais nous faisant tout à la fois rire et réfléchir sur des thèmes à la fois permanents et très actuels  comme la célébrité, la force de l’habitude, ce qui nous persuade que nos coutumes sont supérieures à celles des autres peuples, ce qui nous différencie -ou pas tant que ça- des animaux, la vieillesse et la mort, l’amitié et in fine ce qui doit nous pousser à profiter de chaque instant de la vie.

Nathalie

Spectacle « L’usage du monde » au théâtre de poche – Montparnasse

Je suis une inconditionnelle du livre l’usage du monde de Nicolas Bouvier qui relate son grand voyage de 2 ans commencé en 1953 depuis la Suisse jusqu’en Inde. Le très juste comédien Samuel Labarthe incarne l’auteur et nous sélectionne une partie du récit sur fond de dessins faits par son compagnon de voyage, de photos et de musique recueillie lors du voyage. J’ai été transportée dans cette aventure étonnante, pleine d’inattendu, de rencontres et de réflexions sur l’ailleurs, et d’humour parfois !  Je le recommande.

Nathalie

Roman « Billy Wilder et moi » de Jonathan Coe

« Billy Wilder et moi » raconte la rencontre imaginaire entre une jeune grecque et Billy Wilder au moment où est tourné le film Fedora, un de ses derniers.

Je l’ai trouvé très attachant, liant une intrigue  romanesque à des éléments très documentés de la vie et de la filmographie de Billy Wilder. Il donne envie de voir au revoir de nombreux films évoqués.

J’ai aussi aimé le passage de témoin entre générations de cinéastes, puisqu’on parle de Lubitsch que Wilder vénérait  et avec lequel il avait travaillé, mais aussi de la génération de « jeunes barbus » comme les appelle l’acolyte de Billy Wilder,  ces jeunes cinéastes talentueux faisant exploser le box-office dans les années 70 avec des filsm à grand spectacle comme « les dents de la mer », mais aussi capables, pour Spielberg,  de réaliser le film La Liste de Schindler  qui a bouleversé Billy Wilder. En effet ce dernier ne s’est jamais remis de la disparition de sa mère dans les camps et du traumatisme de la Shoah.

Nathalie

« Alpinistes de Staline » : enquête-récit de Cédric Gras

J’ai été captivée par « Alpinistes de Staline » , qui retrace la vie de deux orphelins nés en Sibérie au début du siècle dernier, qui sont devenus des figures emblématiques de l’alpinisme soviétique, grimpant  dans des conditions et avec des moyens très rudimentaires pour des ascensions vertigineuses (sommets à 7000 mètres…), le tout sur fond de propagande communiste implacable (« pic des commissaires rouges », col de la Presse soviétique » « pic du 30e anniversaire du parti communiste » côtoient les pic Lénine et Staline dont il fallait aller déposer les bustes au sommet), ça laisse sans voix.

Les recherches faites par l’auteur pour écrire ce livre, notamment dans les archives du KGB car l’un des frères a subi les purges staliniennes constituent en elles-mêmes un récit dans le récit.

Nathalie

« Une terre promise » de Barack Obama

J’ai beaucoup aimé ce livre de mémoires qui évoque la vie de Barack Obama de son enfance jusqu’à la fin de son 1er mandat (plus exactement : la mort d’Oussama Ben Laden).

On reparcourt l’histoire récente des États Unis et du monde à travers le regard de celui qui en a été un des principaux protagonistes, qui explique sa vision, ses convictions, ses avancées et ses échecs.

C’est passionnant, cela creuse encore plus l’écart incommensurable qui le sépare du président suivant et fait résonner d’une manière plus profonde les événements actuels.

Nathalie

« Le Monde d’Hier, souvenirs d’un Européen », récit autobiographique de Stefan Zweig

Sans aucun doute une de mes plus belles lectures de 2021. Stefan Zweig écrit son autobiographie en 1941 peu avant de se suicider, mais c’est aussi et surtout une remarquable fresque de l’histoire de l’Autriche et de l’Europe depuis la fin du XIXe siècle jusqu’en 1941. Il évoque avec une grande subtilité la période sereine et conservatrice d’avant la guerre de 1914, ses découvertes littéraires et les auteurs de différents pays d’Europe qu’il a pu côtoyer dont il fait des portraits fins et précis. Son humanisme viscéral est mis à l’épreuve par la première guerre mondiale où il témoigne d’une folie belliciste primaire qui s’empare de tous, y compris de ses proches. L’après-guerre est tout aussi saisissant, avec la description de l’inflation galopante et ses conséquences au sein de la société, jamais je n’en avais lu une description aussi concrète et marquante. Et que dire ensuite de la montée du nazisme, de l’insidieuse progression par paliers des menaces et privations, que trop peu de personnes perçoivent dans toute sa gravité. Un livre qu’il faut prendre le temps de lire, au style très fluide et qui me restera en mémoire.

Nathalie

« Furies », roman de Julie Ruocco

Bérénice, jeune archéologue française en plein questionnement existentiel, participe au trafic d’objets précieux issus des zones de guerre du Moyen-Orient. A la frontière turco syrienne, elle échappe de peu à une explosion et se retrouve près d’un camp de réfugiés où une mère lui confie subitement sa petite fille à travers le grillage. C’est le début d’un éveil à la tragédie des conflits humains, notamment à travers la rencontre avec Asim, pompier syrien devenu fossoyeur, qui lui demande de poursuivre le travail de documentation sur l’horreur du conflit syrien que sa soeur avait entrepris pour que le monde sache et se souvienne, avant d’en être elle-même victime.

J’ai trouvé que ce livre était porté par une belle écriture, assez exigeante  -même si parfois un peu sentencieuse à force de métaphores…- et soulignait avec force l’horreur et l’absurdité des guerres, ainsi que le courage de certains et certaines pour se dresser contre la barbarie et l’oubli.

Nathalie

« Comme des bêtes » roman de Violaine Bérot

Une mère et son grand fils simple d’esprit vivent isolés dans les hauteurs d’un hameau des Pyrénées, tranquilles malgré les rumeurs et les craintes que le jeune homme suscite, jusqu’au jour où on découvre une fillette sauvage dans une grotte aux alentours.
Le livre est composé des témoignages et interrogatoires de différentes personnes du village, qui permettent de découvrir par fragments la vie de ces personnes et la vision qu’ils en ont : méfiance, indifférence, tolérance, pitié, mais aussi confiance.

J’ai été très sensible à ce court livre, lu en vacances dans un coin reculé des Pyrénées. Il est écrit de façon à restituer le langage oral des témoignages, ce qui le rend très vivant. Il est entrecoupé de courts poèmes et incantations des fées de la grotte, qui soulignent de façon poétique les absurdités et cruautés de la vie des humains. Je pense qu’il pourrait faire l’objet d’une belle représentation théâtrale.

Nathalie

« King Kong Théorie », essai de Virginie Despentes, 2007

Style vindicatif, qui ose s’attaquer de front à des sujets qui dérangent prostitution, viol, pornographie. J’adhère à certains aspects notamment la construction de la masculinité, ça m’amène à me poser des questions sur d’autres (prostitution…) mais il y a aussi je trouve beaucoup de points traités de façon assez binaire et caricaturale « les hommes sont comme ci et les femmes comme ça » voire même des moments où je ne comprends pas ce que l’autrice veut dire si ce n’est qu’elle est énervée…

Nathalie

« Je viens de tuer ma femme », roman de Emmanuel Pons

Une idée de départ originale et morbide à souhait : le narrateur a enfin tué sa femme et veut par gentillesse le dire à son voisin pour qu’il soit le premier à le savoir. Bien sûr, cela tourne au massacre par le narrateur incompris, qui découvre combien il est réconfortant de confier ses états d’âme à sa femme qui, congelée, a enfin cessé de lui casser les pieds et redevient désirable.
Le livre a beau être court, le procédé fini par être un peu lassant. Et mieux vaut le voir comme comme une fantaisie et ne surtout pas le lire avec un regard féministe !

Nathalie

« Une chambre à soi », essai de Virginia Woolf, 1929

Je me suis enfin décidée à lire ce monument de littérature féministe. J’ai découvert qu’il s’agit en fait de conférences sur « les femmes dans la littérature ». J’ai été marquée par cette idée simple et marquante que si Shakespeare avait eu une sœur aussi douée que lui, d’innombrables obstacles liés à sa condition de femme auraient entravé son talent. Et bien sûr par l’importance d’avoir cette fameuse « chambre à soi » et 500 livres de rente comme condition nécessaire -mais pas suffisante- pour faire émerger la créativité et les talents féminins. En revanche, j’ai été déconcertée par le style que j’ai trouvé assez confus, j’ai eu du mal à me repérer parmi les digressions.

Nathalie

Impossible, roman de Erri de Luca

Dans le nord de l’Italie, une confrontation intense et tendue entre un magistrat et un homme âgé, soupçonné d’avoir poussé dans une crevasse un ancien ami qui faisait partie du même mouvement contestataire radical et qui l’avait trahi et entrainé en prison. Un jeu de chat et souris s’engage autour d’un passé politique violent, dont le lecteur est le spectateur pris de doutes, avec une belle évocation des paysages de montagnes.

Nathalie

« Betty », roman de Tiffany Mc Daniel

Ce livre raconte l’histoire de Betty, née dans les années 50 dans un milieu rural des États-Unis, d’une mère blanche et d’un père indien cherokee. Nous suivons son enfance d’abord nomade là où le père trouve du travail, puis dans la maison délabrée où la famille s’installe avec les nombreux enfants. Betty grandit entre fascination pour la culture indienne et l’amour de la nature que lui transmet son père, et stigmatisation par la communauté blanche racisme . Elle découvre des secrets de famille très lourds et est confrontée à des scènes d’une grande violence.
J’ai beaucoup aimé l’apprentissage de la culture cherokee, interprétation du monde pleine d’images et plutôt féministe, qui forge la construction de la personnalité de l’héroïne dans l’écriture ; je suis plus réservée sur certains personnages pourtant importants qui entourent Betty au quotidien, comme sa mère instable, mais qui sont peu décrits en dehors de passages paroxystiques, ainsi que par la trop grande violence de certains passages.
Nathalie

« Ce qu’il faut de nuit », roman de Laurent Petitmangin

Un père d’un milieu ouvrier modeste de Lorraine élève seul ses deux garçons après la longue maladie puis le décès de sa femme. Il est effondré quand il découvre que son grand adolescent fréquente des extrémistes de droite, lui qui est engagé à gauche depuis toujours. S’ouvre une période de silences et de non- dits pour s’accommoder tant bien que mal de la vie quotidienne car tous les deux souhaitent tacitement protéger le plus jeune frère. Une escalade de violence va entrainer la relation père – fils dans une situation extrème.

Ce livre écrit dans un style simple et modeste m’a touchée car j’y ai lu le déchirement de voir ce qu’on a de plus cher au monde devenir un étranger qui représente tout ce qu’on abomine, ainsi que l’accablement et l’incapacité à exprimer la souffrance ressentie.

Nathalie

 

« No logo, la tyrannie des marques » essai de Naomie Klein

En attaquant ce pavé de 800 pages, je pensais lire une virulente et utile diatribe antimarketing, mais ce livre paru en 2000 est bien plus que ça.
J’en retiens notamment l’analyse du recentrage sur le marketing et la publicité de grandes marques mondiales – Nike, Gap, Coca Cola, Starbucks et bien d’autres dont les pratiques sont décortiquées – qui ont progressivement sous traité leur production à des usines situées souvent dans des zones franches de pays pauvres, où les droits des travailleurs, voire les droits élémentaires humains sont bafoués avec la complicité de l’État et de l’armée, et où, du jour au lendemain, cette production peut être relocalisée dans une autre zone franche où les coûts de production sont encore plus bas.

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Podcast « A voix nue » avec Marjane Satrapi

Dessinatrice et auteure de Persepolis, peintre et réalisatrice, Marjane Satrapi est née en Iran en 1969 dans une famille progressiste. Elle a dix ans et elle vit à Téhéran au moment de la Révolution islamique.

Dans cette série d' »A Voix Nue » de 5 émissions d’1/2heure sur France Culture, elle évoque sa vie en Iran et France, sa vision très personnelle et souvent rebelle des choses, ses convictions, ses révoltes, son amour de Paris et de la gastronomie française, et mille autres choses passionnantes encore -le tout avec punch, sincérité , élégance et franc parler-. Un régal !

Voici le lien vers le 1er épisode, les autres sont sur les podcasts d' »à voix nue ».

https://www.franceculture.fr/emissions/a-voix-nue/marjane-satrapi-15-construction-dune-rebelle

Nathalie

Livre « La petite dernière » de Fatima Daas

J’ai lu ce livre juste après la rencontre avec l’auteure à ma librairie La Belle Lurette, une très jeune femme au regard intense vêtue d’un sweet capuche qui détonne un peu dans notre arrondissement plutôt bourgeois. J’ai aimé cette construction en courts chapitres et courtes phrases, avec une dimension presque incantatoire : ils commencent tous par « je m’appelle Fatima Daas, je suis » – et là viennent et reviennent différentes facettes de son identité. C’est justement ces différentes facettes qui ont du mal à cohabiter – croyante musulmane, dernière enfant de sa famille, française d’origine algérienne, rebelle, homosexuelle, poly amoureuse – qu’elle confronte  pour essayer de se définir elle-même et de trouver sa place. Un récit d’inspiration autobiographique percutant.

Nathalie

« Un jour ce sera vide » – Hugo Lindenberg

Ce livre nous ouvre l’univers d’un enfant de 10 ans, solitaire en quête désespérée d’affection, qui vit avec sa grand mère suite au décès de ses parents.
C’est autour de l’observation d’une méduse sur une plage en Normandie qu’il rencontre un autre garçon spontané et solaire, à qui il voue aussitôt une amitié absolue, cherchant à se faire accepter par lui et sa mère qu’il idéalise, et à lui cacher sa propre grand-mère qu’il adore mais qui lui fait un peu honte et surtout sa tante qu’il voit comme folle et repoussante.
Avec une écriture fluide, évocatrice et pleine d’images, l’auteur nous embarque dans le quotidien et les perceptions de cet enfant au cours de ces semaines d’été, qui mélangent le réel et l’imaginaire sans qu’on sache toujours la limite entre les deux, ce qui rend le livre particulièrement touchant.

Nathalie

Roman noir « Une, deux, trois » de Dror Mishani

Je suis entrée très facilement et avec plaisir dans ce roman noir israélien recommandé par ma libraire, car il fait la part belle à des personnages féminins attachants et fait découvrir certains aspects de la société israélienne. La partie noire du roman arrive un peu par surprise à la fin de la première partie : on ne peut plus lâcher le livre avant la fin.

Nathalie

Roman « Le journal d’un corps » de Daniel Pennac

Ce « Journal d’un corps » est celui que le narrateur a tenu de ses 13 à ses 87 ans, année de sa mort en 2010. C’est une idée très originale que de parcourir une vie à travers les manifestations multiples du corps aux différents âges de la vie, de tout ce que ça implique à titre individuel et dans la sphère sociale, et c’est écrit avec l’inimitable et chaleureux style Pennac, même si on n’y retrouve pas l’excitation de ses romans aux intrigues improbables mais très bien tricotées. Cela amène forcément à se poser des questions sur soi-même et donnerait presque envie de faire son propre « journal d’un corps » (ça m’a remis du baume au cœur après la décevante lecture de la Loi du Rêveur, son dernier roman paru, qui m’a déçue).

Nathalie

15 livres qui m’ont marqué

(montage Godefroy Troude)

Quelques livres qui m’ont marqué, dans différentes catégories (romans, biographies, encyclopédies…) et différents domaines (humour, sciences, cinéma, publicité…). À la demande d’une amie m’invitant à publier sur Facebook les couvertures de 10 livres, un par jour, je me suis pris au jeu de cet exercice inhabituel et en ai sélectionné finalement 15, réunis ci-dessous accompagnés d’un bref descriptif. Continuer la lecture de « 15 livres qui m’ont marqué »

Livre « L’usage du monde » de Nicolas Bouvier

Un récit  passionnant qui relate le voyage fait en voiture en 1953-1954 par l’auteur et un ami peintre, depuis la Yougoslavie, en passant par la Grèce, la Turquie, l’Iran, l’Afghanistan et le Pakistan. Ils restent parfois plusieurs semaines dans certains endroits, retenus par les conditions climatiques, ou pour gagner un peu d’argent pour subvenir à leurs besoins grâce à des conférences ou des expositions.
Beaucoup de sensibilité et d’humanisme dans la description des personnes et situations rencontrées. J’ai connu ce livre en format livre audio, très bien raconté, et je ne me lasse pas de le réécouter, une invitation au voyage et à l’ouverture sur le monde, datant de seulement 8 ans après la fin de la seconde guerre mondiale. 
Nathalie

Livre « La porte des enfers » de Laurent Gaudé

C’est l’un des rares romans que je n’avais pas encore lu de mon auteur français contemporain préféré, sans doute car j’avais un peu d’appréhension à me confronter à ce livre qui parle de la mort d’un enfant. J’ai senti le moment venu en avril dernier pour commencer ma lecture, et j’y ai retrouvé cet écriture  limpide et intemporelle d’un auteur qui sait comme personne parler des grandes tragédies humaines (les migrants dans Eldorado, l’irruption d’un cyclone dans Ouragan…).
Dans ce livre, on passe de la ville de Naples, superbement décrite, au pays des morts où un père chauffeur de taxi frappé par le malheur va tenter d’aller rechercher son fils tué par une balle perdue dans un règlement de compte.
Une citation : « C’est la règle du pays des morts, continua Mazerotti. Les ombres auxquelles on pense encore dans le monde des vivants, celles dont on honore la mémoire et sur lesquelles on pleure, sont lumineuses. Elles avancent vers le néant imperceptiblement. Les autres, les morts oubliés, se ternissent et glissent à toute allure vers le centre de la spirale. »
Nathalie

Roman graphique « Manabé Shima » de Florent Chavouet

Ce roman graphique / récit de voyage de Florent Chavouet est particulièrement attachant, grâce au regard tendre, plein d’humour et d’humilité que ce jeune auteur pose sur les habitants d’une toute petite île non touristique du Japon où il est allé passé 6 mois. Les dessins aux innombrables détails avec les commentaires associés nous donnent un peu l’impression de nous être nous aussi immergés dans un petit coin paisible et reculé de la société japonaise contemporaine.
Cerise sur la gâteau, mon exemplaire possède une dédicace dessinée par l’auteur rencontré au Salon du livre grâce à mon frère Denis qui l’apprécie beaucoup également.
Nathalie

Livre « Certaines n’avaient jamais vu la mer » de Julie Otsuka

Pour le thème mensuel de mon club de lecture «  un livre inventif sur le plan du langage et /ou du style », j’ai choisi de relire ce livre qui m’avait beaucoup plu et ému il y a quelques années.
Il raconte l’histoire de femmes japonaises envoyées aux États-Unis au début du XXe siècle pour être mariées à des compatriotes qu’elles ne connaissaient pas, qui avaient émigré avant elles pour trouver fortune dans cet eldorado. Espérant trouver une vie meilleure que la misère de leur terre japonaise, elles ont découvert des hommes durement exploités au service de l’expansion du pays, et ont dû faire face à cette vie difficile pour pouvoir, au fil des années, fonder leur propre famille et conquérir leur part du rêve américain… Avant que ne survienne la 2e guerre mondiale où leur origine japonaise les rendit suspectes aux yeux de la population.
J’avais gardé l’impression d’un style étonnant, basé sur la répétition hypnotique voire obsédante du pronom « nous » pour décrire le destin commun mais aussi les particularités individuelles. Cela m’a donné une impression forte de vagues successives qui représentent différentes phases de la vie de ces femmes, composées de milliers de gouttelettes individuelles, chacune avec sa vie propre. Il m’a également fait découvrir un pan de l’histoire américaine et japonaise que j’ignorais totalement. Et ce qui ne gâte rien, j’ai été particulièrement sensible à l’édition et à la photo de couverture de ce livre qui a reçu le Prix Femina Etranger 2012, que j’ai trouvées très belles.
Nathalie

Livre « Destiny », de Pierrette Fleutiaux

Destiny est une jeune migrante sur le point d’accoucher quand Anne, une parisienne d’une soixantaine d’année à l’esprit ouvert, la croise dans le métro parisien et lui apporte son aide pour l’emmener à l’hôpital. Elle reviendra voir Destiny et la suivra dans son parcours souvent chaotique, découvrant par bribes l’histoire et la personnalité de cette jeune femme indépendante, imprévisible et fière, et s’attachant petit à petit à elle.
Ce livre m’a été conseillé pour le thème de mon club de lecture « un fait de société ». Passées les quelques premières pages dont je n’ai pas beaucoup aimé le style, je me suis plongée dans cette histoire écrite de façon très directe voire parfois un peu « brute », sans apitoiement ou mièvrerie mais de façon très humaine, et qui amène, à travers ce personnage d’Anne à nous questionner sur l’autre qui est à notre porte, sur nos gestes de solidarité ou notre façon de nous tenir à distance. Le récit d’une belle rencontre.
Nathalie

Livre « Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon » de Jean-Paul Dubois

Le narrateur purge une peine de deux ans pour tentative de meurtre dans une prison à Montréal. Danois par son père pasteur et Français par sa mère qui dirige un petit cinéma d’art et d’essai à Toulouse, il alterne la description de son quotidien et de son état d’esprit en prison, et un récit chronologique de sa vie qui ne laisse pas présager de la situation qui va le conduire en prison.
Comme d’autres livres que j’ai lus du même auteur, ce livre à la structure classique se lit facilement, on fait connaissance de ses personnages inhabituels et hauts en couleur et de leurs questionnements existentiels, un peu à la manière de Paul Auster (mais en beaucoup moins profond et marquant selon moi).
Dans un tout autre style, je recommande vivement du même auteur le désopilant « Vous plaisantez Monsieur Tanner » sur les mille et une vicissitudes rencontrées lors de la rénovation d’une vieille maison familiale.
Nathalie

Livre « De pierre et d’os » de Bérengère Cournut

Dans l’hiver polaire, une jeune fille est brutalement séparée de sa famille par une faille dans la glace sur laquelle ils campaient. Elle doit survivre en trouvant de la nourriture, en se mêlant à d’autres groupes familiaux, en sachant apprivoiser les esprits bienfaisants ou malfaisants… c’est un livre très poétique entrecoupé de chants d’esprits de la nature, d’ancêtres ou d’autres personnes des tribus que l’héroïne rencontre. Il apporte un regard différent sur la relation avec la nature hostile mais déterminante pour la survie, les animaux dont on se nourrit, les ancêtres qui se réincarnent dans les bébés qui naissent… l’auteure a été en résidence au muséum d’histoire naturelle pour écrire ce livre et s’est beaucoup documentée sur les modes de vie Inuits.  J’ai lu ce livre dans des conditions idéales : à la montagne, bien au chaud mais entourée de paysages enneigés .

Nathalie