Court métrage : « N’en jetez plus ! »


Affiche (montage Godefroy Troude d’après la vidéo)

« N’en jetez plus ! » est un court métrage en deux parties proposant un autre regard sur les déchets et gestes du quotidien à travers le Cinéma.

Dans cet article :
1) N’en jetez plus ! – Déchets du quotidien.
2) N’en jetez plus ! – Automobile.
3) A propos du court métrage.
4) Diffusion en salle.
5) A lire aussi.

1) N’en jetez plus ! – Déchets du quotidien

2) N’en jetez plus ! – Automobile

 

3) A propos du court métrage

Finalité

Certains gestes sont anodins. Ce court métrage vise, par leur accumulation, à les reconsidérer et percevoir leur impact sur l’environnement.

Idée

Il y a une dizaine d’années, j’avais été frappé dans « Rio Lobo » de voir John Wayne puis Jack Elam jeter leurs bouteilles vides dans des rochers. Cela m’a décidé, lorsque je voyais ensuite des films, à référencer ce type de scènes (nom du film, chronométrage).

Conception

J’ai profité du confinement de la pandémie du Covid-19 pour m’initier au montage sous Adobe Premiere et y assembler toutes ces séquences dont j’avais pris note ces dernières années. Deux grandes catégories émergeaient : l’une sur l’automobile, et l’autre sur les papiers, cigarettes, et objets divers. N’arrivant pas à tout réunir, j’ai préféré faire deux court métrages distincts.

1) Déchets du quotidien : je voulais pour le générique de début quelque chose de moins hermétique qu’un simple titre fixe « N’en jetez plus ! » Et comme les déchets tombent tout au long du court métrage, j’ai eu l’idée de faire tomber également le titre (inspiré peut-être par l’intertitre descendant au début de Metropolis). Le bruit d’impact du titre est celui d’un stylo tombant sur une petite tablette en bois.
Les types de déchets vont croissants : d’abord des jets de papiers, cigarettes et allumettes. Puis une bouche d’égout fait passer aux jets de bouteilles. Enfin l’eau fait passer à des bandes magnétiques et d’autres objets plus lourds. La récurrence des jets de bouteille chez Howard Hawks m’a surpris, me faisant prendre conscience du thème de l’alcoolisme dans bon nombre de ses films : « Le port de l’angoisse » et « Rio Lobo » évidemment (tous deux dans ce court métrage) mais aussi dans « Rio Bravo » (avec le rôle touchant de Dean Martin) et dans « El Dorado » pour ne citer que ceux que j’ai en tête…
Pour la dernière scène, je n’ai pu résister au « Je jette tout ! » de Nanni Moretti dans « Aprile » bien que je lui fasse prendre un sens un peu différent. Dans le film, Nanni Moretti s’écrie « Je jette [toutes] les coupures [de presse] accumulées depuis plus de 20 ans juste parce qu’elles me mettaient hors de moi ». C’est donc un geste délibéré, très fort au sein de son film, contrairement aux autres gestes du court métrage qui sont plutôt anodins.
Dans l’ensemble, après une première version du court métrage montée en 30 minutes,  il m’aura fallu 2 jours pour arriver au résultat final. Je retiens de cette expérience enrichissante l’idée de raccourcir, raccourcir encore, et obtenir un rythme à partir de films de rythmes pourtant différents.

2) Automobile : les anglo-saxons semblent avoir un gros problème avec les voitures qui sont détruites dans les James Bond (massacrer un véhicule coûtant une fortune est visiblement un signe de puissance), et surtout dans « Les Blues Brothers » qui cumule tellement de voitures massacrées que je n’ai retenu que le quart des plans que j’avais sélectionnés. Pour la dernière scène, la réplique de Jason Robards « Je t’en foutrais, moi, de la sauvegarde de la nature » ne pouvait trouver une meilleure place. J’ai pu achever ce second court métrage beaucoup plus rapidement, grâce à l’expérience du premier.

Des plans non retenus

Je n’ai pas intégré d’autres scènes que j’avais en réserve. Sheila et ses copines dans « L’école est finie » (Scopitone de 1963) qui déchirent leurs cahiers au vent, car je n’ai pas trouvé de version avec une image de bonne qualité. Pas intégré « Rocco et ses frères » avec deux jets d’emballage de Chewing-gum puis de bouteille, car les gestes étaient trop discrets. Je n’ai pas intégré non plus les adolescents dans « American Graffiti » qui passent leurs soirées en aller-retours sur la rue principale au volant de la voiture de leurs parents (avec des consommations pouvant s’étaler de 14 à 26 litres aux 100 km), uniquement pour draguer, car le rythme lent de ces scènes ne collait pas au montage (je me demande quels regards nos petits-enfants porteront sur ce style de vie).

Je n’ai pas intégré également d’autres scènes, mais pour d’autres raisons : Harry Belafonte dans « Le monde, la chair et le diable » qui jette une pile de vaisselle par la fenêtre, car il fait volontairement un geste absurde et s’en explique. On n’est pas dans le même registre. Pas intégré non plus « French Connection« , où Popeye abime sa voiture pour rattraper un tueur, car cela témoigne de sa hargne à accomplir sa mission. Pas intégré enfin Kirk Douglas dans « L’homme qui n’a pas d’étoile » qui brise des bouteilles vides, car il s’agit d’apprendre à tirer, ce qui participe au récit.

Conclusion

Ce qui me frappe dans ces gestes juxtaposés, c’est leur banalisation et leur inutilité par rapport au récit : Paul Meurice ou Gérard Lanvin auraient pu garder leurs emballages en main au lieu de les jeter. Et lorsque les dégradations contribuent au scénario comme dans James Bond, je souffre pour le gâchis que représente la destruction d’une voiture neuve et pour l’atteinte à l’environnement de la voiture larguée d’hélicoptère dont je vois mal comment elle a pu être repêchée (je n’ai pas trouvé d’information en ce sens).

Je ne prône évidemment pas de modifier les œuvres anciennes pour en gommer ces gestes. Une œuvre témoigne de son époque et ne doit pas être modifiée. Il faut également résister à la tentation de réinterpréter l’histoire avec notre regard actuel. Chaque époque a une culture liée à ses connaissances du moment.

Merci à Rémy et Christophe pour leurs contributions, ainsi qu’à David pour la traduction anglaise.

 

4) Diffusion en salle

[MAJ février 2022] Le court métrage a été projeté au Majestic Bastille le 31/01/2022 ainsi qu’à L’épée de bois le 28/02/2022 après une brève présentation, dans le cadre du festival « Open Screen Club« , ouvert aux court-métrages amateurs, organisé les Cinémas Indépendants Parisiens et animé par « les Claras ». Un article a été consacré au festival dans Télérama.

Majestic Bastille (photo J. Tripier-Mondancin)
Majestic Bastille (photo A. Troude)
Épée de bois (photo C. Andréani)
Épée de bois (photo A. Troude)

 

5) A lire aussi

11/08/2019 : Déchets : 6 paquets de cigarettes sur 4 km
15/08/2018 : Déchets plastiques en milieu naturel…
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