Un parcours au tracé symbolique dans les rues de Paris pour une séance d’entraînement de course de fond. Un peu plus de 20 km, courus avec mon ami Alain.
Dans cet article :
1) Interview
2) Détails sur le parcours
3) Quelques photos
4) Notes
1) Interview
Interview par Alain réalisée le 5/12/2020
Alain : Pourquoi cette course ?
Godefroy : Après des semaines à tourner en rond dans mon rayon de confinement à 1 km [dû au Covid-19], j’ai voulu profiter de la liberté d’aller plus loin 🙂
Mais en fait cet itinéraire n’est pas une première. Il y a une semaine, à l’occasion du premier jour de suppression du rayon de 1 km, j’avais déjà fait un grand tour, que j’ai appelé « le tour des copains » ! Une boucle de 27 km passant devant chez les copains situés dans le centre de Paris en leur faisant la surprise de les appeler en bas de chez eux et se faire coucou à la fenêtre. C’était émouvant, après plusieurs mois à n’avoir eu de contact que par téléphone ou visioconférence.
Pour la course de ce matin, j’ai renouvelé l’expérience de courir plus loin, mais sur un thème différent.
Comment t’est venue l’idée d’une course en forme de cœur ?
Tout au long de la semaine, après le « tour des copains » je me suis demandé ce que je pourrai faire comme nouveau parcours. Et je me suis dit qu’au lieu de relier des gens, je pourrai tracer en courant une forme originale sur le plan de Paris. Le cœur me paraissait une forme à la fois simple et symbolique.
Comment as-tu imaginé le parcours ?
Ayant la forme de cœur en tête, j’ai tout de suite pensé au carrefour Alésia pour en faire sa base : l’avenue du Maine et l’avenue Denfert-Rochereau forment un V caractéristique qui pourrait faire la base du cœur. Et pour l’aspect arrondi de la partie supérieure du cœur j’ai pensé à l’enceinte des fermiers généraux (dont le tracé est encore visible dans Paris à travers la ligne 2 du métro), en me disant qu’en ajoutant un passage par la place de l’Opéra, l’angle Auber/La fayette devait faire un V propice pour séparer les deux sommets du cœur. Et le canal Saint-Martin rejoignant la bastille puis le boulevard Henri IV faisaient aussi une belle forme.
J’ai concrétisé tout ça en utilisant un site cartographique, qui m’a permis de préciser le tracé et d’avoir une forme plus harmonieuse à partir de ces idées de base.
Et tu as programmé le parcours sur ton smartphone ?
En fait non. Je n’ai utilisé mon smartphone que pour obtenir le tracé de mes déplacements***, et non pour me guider.
J’ai étudié le parcours sur un plan de Paris l’avant-veille, en notant juste quelques points de repère : Alésia, Trocadéro, Arc de Triomphe, Friedland, Opéra. Pour certains endroits que je connaissais moins bien, j’ai dû noter les noms des rues (rue d’Ulm, Rue Curie, Rue Saint-Jacques…) car je craignais un trou de mémoire une fois sur place, ce qui aurait fait un tracé erroné sur la carte en cas d’erreur.
La veille j’ai fait le parcours mentalement, un peu façon Street view, ce qui m’a bien pris 5 minutes, un exercice mental que je recommande. Et j’ai révisé l’enchaînement des rues à côté du Panthéon pour ne pas faire d’erreur le lendemain.
Ce matin, en faisant le parcours, j’étais content de n’avoir pas eu besoin de regarder de plan pour faire les 20 km. Je dois avoir une âme de chauffeur de taxi, ceux d’avant les GPS, qui pouvaient sans hésiter vous emmener à une adresse obscure de Paris ou proche banlieue sans avoir à sortir un plan 🙂
Avec la pandémie Covid-19, est-ce que le confinement restreint à 1 km a été difficile pour toi, quand on a l’habitude de courir d’assez longues distances ?
Effectivement, en temps normal j’essaye de faire 10 km chaque matin si mon emploi du temps le permet. Le rayon de confinement à 1 km a évidement réduit mes possibilités. Mais, ça s’est plutôt bien passé.
Toutefois je distinguerai le premier confinement [du 17 mars 2020 au 11 mai 2020] de celui qu’on vit actuellement [depuis le 28 octobre 2020]. J’espère d’ailleurs qu’on n’aura pas besoin d’en faire un troisième…
Lors du premier confinement, la fermeture des berges de la Seine aux parisiens m’a privé de mon itinéraire favori. Courir le long de la Seine, passer sous les ponts, au pied de Notre-Dame, l’Institut de France, le Louvre, le Musée d’Orsay, le Grand Palais, la Tour Eiffel, avec les cygnes, mouettes, goélands et cormorans, quelque fois un héron, c’est magnifique… Ne pouvant donc plus courir sur les quais, je suis passé aux petites rues de mon quartier. Avec l’impression de colorer au feutre méthodiquement les rues du plan de Paris autour de chez moi. Je cours tôt, dès 7h30, dans des rues désertes, et si je voyais quelqu’un en m’engageant dans une rue j’avais tendance à en prendre une autre, ne croisant personne à moins d’une dizaine de mètres.
Et puis les images diffusées par les médias de sportifs en pleine journée frôlant des piétons m’ont agacé. Ne voulant pas y être associé, j’ai quasiment arrêté de courir, en tombant à 6 sorties sur un mois (contre 25 le mois dernier) et des sorties beaucoup plus courtes. J’ai peut-être fait 10 fois moins de sport. À la place j’ai fait du gainage à la maison, ce qui m’a permis d’éliminer ce mal de dos qui m’empoisonnait depuis une dizaine d’années. J’ai aussi gagné du temps car une heure d’endurance par jour ce n’est pas rien !
Au passage, je suis perplexe envers ceux qui disent que la course de fond est une drogue. Je n’ai pas éprouvé de besoin de courir pendant ce confinement chez moi. Par contre après un bon mois à ne me déplacer que dans mon appartement j’ai trouvé inquiétant d’être physiquement affaibli. Il m’aura fallu 2 mois de reprise difficile de la course de fond, pour retrouver un niveau correct, et 6 mois après je ne me sens toujours pas au top. On perd vite.
Avec ce second confinement ça s’est mieux passé. Les berges de la Seine sont restées ouvertes et les gens respectent mieux les distances et le port du masque, ce qui m’a permis de courir chaque matin. Et avec le passage du confinement de 1 km à 20 km je ne me sens plus limité. Je peux de nouveau envisager de courir un Marathon [42 km]. Rien à voir avec le premier confinement, où je ne me sentais même plus capable de faire un 10 km. La levée progressive de ce second confinement me donne même des idées de parcours, comme celui des copains et celui en forme de cœur.
Quel est le meilleur moment pour courir et profiter du parcours ? Par rapport à la circulation, la lumière, la qualité de l’air…
En règle générale, je m’efforce toujours de courir tôt et loin des voitures (quais de Seine, bois de Boulogne, bois de Vincennes, jardin des plantes, jardin du Luxembourg, jardin des Tuileries..). Le trafic routier est une pollution sonore mais aussi une pollution de l’air qui diminue fortement avec l’éloignement : à quelques dizaines de mètres de distance, la pollution peut être 30% plus faible sur les quais bas de la Seine, près du fleuve, par rapport aux quais hauts où circulent les voitures.
Ici, le parcours « cœur » est en plein Paris, toujours dans les voies de circulation, donc ce n’est vraiment pas idéal. Aussi je préconise pour ce parcours de partir très tôt le matin, et cela pour plusieurs raisons :
– d’abord le rythme de la course est cassé si on doit s’arrêter régulièrement aux carrefours pour attendre que le flux des voitures laisse la place aux piétons. En partant tôt il y a moins de circulation, voire quelquefois pas du tout. Et aussi moins de piétons sur les trottoirs.
– ensuite on a également moins de pollution en partant tôt : elle croît tout au long de la matinée (exemple de données AirParif sur la station Alésia). Mais l’impact de la saison et de la météo peuvent être aussi importants que l’heure de la journée : en été, après plusieurs jours sans vent ni pluie ni nuages, l’atmosphère cumule des polluants dès le petit matin. Inversement, la pluie nettoie l’air. Consultez le site d’Airparif pour éviter les jours de forte pollution et partez le plus tôt possible.
– enfin il fait plus frais le matin, ce que je trouve plus agréable surtout en été.
Pour la lumière, ce n’est pas idéal actuellement avec l’approche du solstice d’hiver : il fait encore nuit à 7h00 du matin et on profite moins du paysage. Il vaut mieux courir un matin de février à novembre, sachant que l’idéal pour moi est la période juin-juillet où à 6h30 du matin on a l’impression d’être seul en ville.
Pour ceux qui courent sans emporter de gourde (ce qui est mon cas), j’ajouterai qu’en hiver il n’y a pas de point d’eau, les fontaines étant fermées en raison du risque de gel.
Penses-tu proposer ce genre d’itinéraire via ton blog à des touristes étrangers sportifs qui souhaiteraient découvrir la capitale de façon différente ?
Il y a quelques années j’avais fait une visite touristique en course de fond pour des amis américains venus faire le Marathon de Paris. C’est fantastique de découvrir Paris ainsi. À pied c’est trop lent, à vélo cela va trop vite, et en voiture c’est encore pire. Je trouve qu’en courant c’est l’idéal : on peut prendre des escaliers, on passe partout. Je m’étais dit à l’époque que je pourrais proposer des visites guidées de Paris, en commentant les monuments et l’histoire des quartiers à des touristes, mais le marché est restreint 🙂 Pour ton idée de proposer sur ce blog des itinéraires pour les touristes sportifs, je n’y pensais pas et c’est effectivement une bonne idée. Je vais travailler le sujet !
Ah — ça vient de me revenir — j’avais déjà fait un itinéraire touristique dans Paris …hmm dans les années 1990 mais c’était en roller. La page est ici.
La capitale se laisse-t-elle facilement arpenter par les piétons, les joggers ?
Oui. Il n’y a aucun problème, sauf du côté du boulevard périphérique et surtout de La Défense où les déplacements sont parfois difficiles. J’y ai parfois l’impression d’être comme dans un piège à insecte, devant parfois faire demi-tour pour trouver une passerelle piéton afin de contourner une voie rapide. Dans l’ensemble Paris est une ville où il y a toujours des trottoirs pour les piétons, et qui gagne à être visitée à pied.
Y a-t-il un engagement ou un message à partager ?
Non, il n’y avait pas de message particulier dans ce parcours. Le symbole cœur est universel, un symbole positif. Mais réflexion faite, je trouve qu’il y a en ce moment trop de polémiques médiatiques entre les citoyens et l’État, avec en plus la pandémie Covid-19 qui fragilise les sociétés. Alors finalement, si, j’ai un message : être positif et donner de l’amour 🙂
2) Détails sur le parcours
Le parcours, rue par rue :
– Départ : place de la Bastille,
– Boulevard Henri IV,
– Pont Sully,
– Rue des fossés Saint-Bernard,
– Rue du cardinal Lemoine,
– Rue Thouin,
– Rue de l’Estrapade,
– Rue d’Ulm,
– Rue Pierre et Marie Curie,
– Rue Saint-Jacques,
– Rue des Feuillantines,
– Rue Pierre Nicole,
– Boulevard de Port-Royal,
– Rue Henri Barbusse,
– Avenue Denfert-Rochereau,
– Avenue du Général Leclerc,
– Avenue du Maine,
– Rue du Château,
– Boulevard Pasteur,
– Boulevard Garibaldi,
– Avenue de Suffren,
– Champ de Mars,
– Quai Branly,
– Pont d’Iéna,
– Jardins du Trocadéro,
– Avenue Kléber,
– Place de l’Étoile,
– Avenue de Friedland,
– Boulevard Haussmann,
– Rue Auber,
– Avenue de l’Opéra,
– Rue Sainte Anne,
– Rue de Gramont,
– Rue Laffitte,
– Rue Lafayette,
– Rue Bleue,
– Rue de Paradis,
– Rue de la Fidélité,
– Boulevard de Magenta,
– Rue des Vinaigriers,
– Quai de Valmy,
– Boulevard Jules Ferry,
– Boulevard Richard Lenoir,
– Arrivée : place de la Bastille.
Télécharger le tracé GPX (zippé)
Télécharger le tracé KML GoogleMaps (zippé)
3) Quelques photos
4) Notes
* Le visuel en tête de l’article est un montage réutilisant plusieurs copies d’écran de l’app RunKeeper sur iPhone auquel j’ai rajouté un « J’aime Paris » au dessous.
** Le tracé en détail est un montage réutilisant 6 cartes produites par le site RunKeeper .
*** Le tracé de la course a été réalisé par l’application RunKeeper.
Publié également sur Facebook.
5) A voir aussi
– D’autres idées de course : Course : Pac-Man
– Courir pieds nus : entretien avec Thomas Dupas (2022)
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– L’endurance au quotidien — Entretien avec Marc Lecacheur (2021)
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