Jean Tirole (source photo Twitter Jean Tirole)
Le prix Nobel d’économie 2014 Jean Tirole évoque le mouvement des gilets jaunes et le consentement à l’impôt, et surtout l’importance de la taxe carbone dans une tribune sur le site du Journal du Dimanche.
J’en recopie ci-dessous ici deux extraits relatifs à la taxe carbone :
« Que dire de la taxe carbone ? Que c’est une bonne taxe. Appliquée au niveau international, elle fera changer nos comportements, orienter les choix vers des circuits courts, renoncer au charbon, isoler nos maisons, acheter des voitures moins polluantes. En un mot, elle nous permettra de léguer à nos enfants une planète viable. Que l’on ne nous dise pas que les incitations ne marchent pas : elles ont modifié les comportements écologiques des citoyens, des entreprises et des administrations. Voir l’impact du bas prix de l’essence sur la taille des voitures américaines ou sur les achats de SUV dans notre pays… Quand certains politiques berçaient les citoyens de la douce illusion d’une croissante verte (la lutte contre le réchauffement climatique ne coûterait rien!), d’autres les ramènent aujourd’hui à la dure réalité. Il est vrai que personne n’aime les porteurs de mauvaises nouvelles. La contribution climat-énergie adoptée en 2014 instituait une taxe carbone et prévoyait de la faire monter tous les ans vers des niveaux plus compatibles avec les objectifs affichés à la COP21. Or, les Français ne l’ont découverte qu’en 2018, perdant ainsi quatre années dans l’adaptation de leurs décisions au nouveau contexte. […] »
« Que pourrait faire l’État du produit de la taxe carbone ? Alimenter les caisses de l’État pour diminuer les impôts les plus inefficaces (on pense à la taxation excessive du travail en France, source de sous-emploi et de perte de pouvoir d’achat). C’est ce qu’a fait la Suède dans les années 1990 en instituant une taxe carbone de 100 euros la tonne de CO2, à prélèvements fiscaux constants. Donner un chèque énergie à chaque citoyen (évidemment pas en fonction de sa consommation d’énergie si l’on veut garder l’incitation à moins polluer). Ce chèque aiderait les plus démunis plus qu’ils ne seraient pénalisés par la hausse des carburants. Faciliter l’accès au crédit des plus pauvres pour acheter des équipements plus performants, par exemple une chaudière plus écologique. Flécher le produit de la taxe carbone vers des projets d’atténuation et d’adaptation. »
Lire l’intégralité de la tribune sur le site du Journal du Dimanche.
Note : la tribune de Jean Tirole y est curieusement titrée par le JDD « Une hausse du Smic n’est pas désirable » mais le sujet du SMIC ne concerne qu’une courte phrase représentant 0,1% du texte (120 caractères au sein d’une tribune de 8 870 caractères) alors que la partie concernant la taxe carbone représente plus de 40% du texte. L’URL de l’article évoque un nouveau contrat social. Il semble que le JDD ait basculé au dernier moment pour le titre du SMIC peut-être jugé plus accrocheur.