Jean Jouzel et Pierre Larrouturou (photo X)
Le 6 juin 2018, Jean Jouzel et Pierre Larrouturou étaient reçus par la Commissions des affaires européennes et la Commission du développement durable à l’Assemblée Nationale pour présenter leur « Pacte Finances-Climat Européen » visant à atteindre l’objectif de l’Accord de Paris en mettant la création monétaire au service du climat et en créant un budget Climat au niveau européen qui pourrait en plus déboucher sur la création de 900 000 emplois.
La conférence faisant 2h07 et est visible intégralement sur Youtube. Pour les pressés ou ceux qui seraient agacés par les problèmes de qualité sonore, j’ai recopié ci-dessous les passages qui m’ont semblé les plus intéressants, en tentant de transposer au mieux le langage oral parfois un peu décousu.
La président Sabine Thillaye (photo extraite de la vidéo de l’Assemblée Nationale)
0h01 Sabine Thillaye : « La Commission des affaires européennes et la Commission du développement durable reçoivent à l’Assemblée Nationale Jean Jouzel et Pierre Larrouturou, qui présentent leur projet « Pacte européen Finance et Climat ». Ceci faisant suite à une proposition de résolution européenne déposée le 21 février 2018 par Thierry Michels, député du Bas-Rhin, portant sur la transition énergétique. Et les réflexions [des députés] portant sur la mise en place sur une Contribution Climat qui sera un nouvel impôt européen. Tout ceci s’inscrivant dans le chantier du cadre financier pluriannuel [de l’Union Européenne]. »
Jean Jouzel (photo extraite de la vidéo de l’Assemblée Nationale)
0h04 Allocution de Jean Jouzel rappelant la réalité du réchauffement climatique, prévu depuis une quarantaine années, et son origine en quasi-totalité humaine.
Je n’ai pas détaillé ici les constats et conséquences énoncées par Jean Jouzel, car déjà rapportés par le GIEC et qui font aujourd’hui consensus, d’autant plus que les graphiques que montrent Jean Jouzel n’apparaissent pas dans l’enregistrement vidéo réalisée par l’Assemblée Nationale. Si vous voulez une conférence Jean Jouzel sur le sujet, je vous recommande plutôt celle-ci accessibles en ligne : Réchauffement climatique, du constat à l’action (1h25)
Pierre Larrouturou (photo extraite de la vidéo de l’Assemblée Nationale)
0h14 Pierre Larrouturou : « En 2004 Jean-Pierre Raffarin a fait adopter l’idée qu’il fallait diviser par 4 nos émissions de gaz à effet de serre. L’an dernier vous avez tous applaudi Nicolas Hulot, la neutralité carbone, zéro émission, chantier colossal. […] Or sur la question du climat il est parfois difficile de s’y repérer : on peut entendre quelqu’un qui vous dit que tout baigne côté énergies renouvelables et que c’est en train de se mettre en place. Et si deux minutes plus tard vous tombez sur un climatologue vous cherchez un arbre pour vous pendre… C’est difficile. Parfois chacun d’entre nous va d’un extrême à l’autre dans la même journée » (sourire).
0h15 Pierre Larrouturou : « Certain disent qu’on va un peu trop lentement mais dans le bon sens. La réponse est NON ! Malgré tout ce qui bouge (plein de choses à Lorient, Épernay, Saint-Étienne…) globalement on n’est pas dans le bon scénario. On devrait faire -3% [de CO2] mais on a fait +3,2% !
Donc on a besoin d’un CHANGEMENT RADICAL sinon le coût des catastrophes va exploser (et en tant qu’économiste je suis là pour montrer le coût de l’inaction). Ce sont les compagnies d’assurance qui le disent : les coûts ont été multipliés par 4 depuis 40 ans ! On vient d’avoir les chiffres : aux États-Unis c’est près de 300 milliards dépensés pour les conséquences directes des évènement climatiques extraordinaires rien qu’aux États-Unis. »
0h18 Pierre Larrouturou : « Les chiffres les moins pessimistes sont ceux de la banque mondiale qui annonce 140 millions de réfugiés d’ici 30 ans. Et ça va pas être cool pendant 29 ans et tout d’un coup apparaître subitement en 2050 ! »
0h19 Pierre Larrouturou : « Mais la bonne nouvelle c’est qu’on sait d’où vient le problème ! Ce n’est pas comme lors de l’extinction des dinosaures due à une météorite. [Si c’était ça] on serait impuissants. La bonne nouvelle c’est que le dérèglement climatique vient de NOTRE mode de vie. Donc si on change notre mode de vie on peut mettre fin à ce dérèglement. Il n’y a aucune fatalité. C’est un chantier colossal mais il ne faut pas qu’on en ait peur ! »
Jean Jouzel (photo extraite de la vidéo de l’Assemblée Nationale)
1h02 Jean Jouzel : « Notre proposition s’inscrit pleinement dans les objectifs de l’Europe et de la France. Je rappelle que l’Europe a un Livre blanc dans lequel l’objectif est de diviser par 4 voire par 5 les émissions de gaz à effet de serre en 2050. La France a maintenant un objectif de neutralité carbone en 2050. Cela ne se fera pas sans investissements massifs. Il y a une convergence des chiffres de la Cour des comptes européenne mais aussi de la journée Finances et climat vers 2% du PIB que l’on doit investir si on veut être à la hauteur des objectifs que VOUS avez défini : je vous rappelle que la loi sur la transition énergétique et la croissance verte a été largement votée. Il faut massivement investir. On n’est pas du tout sur le bon rythme et tout le monde en fait le constat.
C’est quand même vous, les politiques, globalement, qui avez voté cette loi et avez la main. Donc il faut investir massivement. Et je rappelle que, dans l’accord de Paris, un point important est que le secteur financier est invité à mettre ses pratiques en cohérence avec la lutte contre le réchauffement climatique ».
Alain Perea (photo extraite de la vidéo de l’Assemblée Nationale)
1h05 On sait quand même rigoler un peu… Devant l’avalanche de demandes d’intervention des députés de l’assistance, le vice-président de la Commission Alain Perea indique : « On va réduire à une minute les questions. Vous l’avez compris, ma collègue Sabine est la gentille de l’équipe… elle donne la parole. Et moi je suis le méchant, c’est moi qui coupe le son [quand vous dépassez la minute] » (rires).
Thierry Michels (photo extraite de la vidéo de l’Assemblée Nationale)
1h06 Parmi les nombreuses questions, la prise de parole du député Thierry Michels « Merci pour votre plaidoyer. En rentrant dans cette salle, je savais que la situation était grave, mais je n’avais pas conscience qu’elle était aussi grave que ça ! »
Dominique Potier (photo extraite de la vidéo de l’Assemblée Nationale)
1h12 Député Dominique Potier : « Vous avez porte ouverte à l’Élysée, vous avez un dialogue permanent avec le président de la république. Quelle est sa position sur le pacte ? Et à défaut d’un engagement européen unanime, est-ce qu’on peut envisager un groupe pionnier européen ? Enfin avez-vous un relais citoyen ? »
Jean Jouzel (photo extraite de la vidéo de l’Assemblée Nationale)
1h13 Jean Jouzel : « Cette transition est inéluctable. Et ce sont les pays qui réussiront en premier cette transition vers une société sans carbone qui réussiront économiquement. […] La meilleure façon de s’y préparer c’est de s’y engouffrer. »
Pierre Larrouturou (photo extraite de la vidéo de l’Assemblée Nationale)
1h15 Pierre Larrouturou : « Quel est le calendrier de ratification du traité ? Débat citoyen jusqu’au 30 octobre. Puis le 13 et 14 décembre que les chefs d’États devront décider. Cela fait 30 ans depuis la chute du mur de Berlin qu’on se demande quel doit être le projet pour l’Europe. Ce qui se passe en Italie ou d’autres pays montre que ça devient gravissime. Et ça serait bien s’il y avait une décision dont tout le monde parle, pas uniquement les députés et les économistes, une décision dont on tout le monde parle (au fond du Mezzogiorno, en Espagne, en France…) qui montre que l’Europe change pour se mettre au service du bien commun. Et dans ce cas on pourrait envisager une ratification en même temps que les élections européennes. Du coup cela désarmerait ceux qui disent que l’Europe est incapable de changer. Le débat se déroulerait dans un contexte beaucoup plus serein sur d’autres sujets.
L’autre jour le patron de la Deutsche bank disait que si on veut contribuer à relancer les mouvements terroristes il faut continuer comme ça : toujours plus d’argent pour les banques et toujours moins pour les peuples. Ce n’est pas Hugo Chavez qui dit ça, c’est le patron de la Deutsche bank ! Il y a un ras-le-bol au niveau de l’Europe (…) et il faut que les chefs d’État donnent un signal clair ! »
« Comment approuver [ce texte] ? On reprend l’idée du grand philosophe Jürgen Habermas qui disait il y a cinq ans que l’Europe va mourir si elle n’a pas de projet, qu’il ne fallait pas avoir peur du peuple et qu’il faut voter ce texte par référendum le même jour, ainsi cela ne sera pas [un vote] pour ou contre Merkel, pour ou contre Zapattero, pour ou contre Macron… Cela aurait de l’allure que la même semaine tous les peuples européens parlent de la même chose. Cette idée a étonné car depuis la fin du nazisme il n’y a jamais eu de référendum en Allemagne, mais un mois plus tard Angela Merkel et Wolfgang Schäuble disaient « Ok ! » […] Le congrès des maires ruraux a décidé de nous soutenir : on a eu l’unanimité moins une voix ! Ca va créer de l’activité partout, et partout on verra que l’Europe nous aide pour isoler nos maisons, isoler nos gymnases, investir dans les entreprises qui se transforment. Voilà le calendrier ambitieux, avec mise en œuvre en 2020. »
Pierre Larrouturou (photo extraite de la vidéo de l’Assemblée Nationale)
0h18 Pierre Larrouturou, répondant à une question de Jean-Paul Bacquet et brandissant son livre co-écrit avec Jean Jouzel : « D’un point de vue technique M. Bacquet nous disait que ce n’était pas très sérieux… Je vous propose, Monsieur, de lire juste la postface [de notre livre écrite par] Philippe Maystadt, le grand ministre des finances, l’équivalent du Raymond Barre en Belgique. C’est lui qui a mis de l’ordre pendant 10 ans dans les comptes de la Belgique, puis il a été le patron la banque européenne d’investissement. La préface est de Nicolas Hulot et la postface de Philippe Maystadt qui nous a beaucoup aidé et dit que point par point tout ce qu’on propose est tout à fait possible. […] C’est bien beau d’avoir des idées qu’on met en avant, de dire « C’est grave, c’est grave, la planète brûle, la planète brûle » mais si on ne dit pas comment on le finance ça veut dire qu’on prend les citoyens pour des imbéciles » […] Le FMI vous prévient qu’on va vers une crise [financière] qui est peut être 10 fois plus grave qu’en 2008. Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas ! Donc est-ce qu’on continue la spéculation ou est-ce que cet argent va créer des emplois dans vos villes, dans vos villages ? […] La crise financière sera beaucoup moins grave si on aura enclenché ce genre de dynamique. […] Vous pouvez dire que vous n’êtes pas d’accord, mais dire que ça n’est pas sérieux, c’est exagéré. On a bossé avec des gens dont c’est l’expertise. Le Comité Économique et Social Européen (CESE) va rendre un avis favorable à notre projet. Des chefs d’entreprises vont voter en faveur de notre projet. L’autre jour c’est le patron du bâtiment, Jacques Chanut, qui va passer pour un néo-Troskyste en [acceptant l’idée] de prendre 5% sur les bénéfices. […] Quand l’ADEME dit qu’on peut créer entre 800 000 et 900 000 emplois en France ça vaut le coup d’y réfléchir. Je crois que ce qui est irréaliste c’est de ne pas dire comment financer cette transition ! » (applaudissements nourris).
« Désolé de m’emporter mais moi j’ai deux fistons et je pense qu’on va leur laisser une société invivable ! On va réellement vivre le chaos dans 20 ans et ce n’est pas de la théorie : on va se dire qu’on le savait et qu’on a été nuls ! Désolé mais on n’est pas dans l’hémicycle ! On n’est pas dans des enjeux qui permettent ce genre de posture ! »
1h21 Pierre Larrouturou : « On [doit] déclencher les financements au niveau européen, avec un traité pour qu’il y ait une [direction nette et pérenne]. Parce que les acteurs locaux n’en peuvent plus des règles du jeu qui changent tous les 6 mois : aujourd’hui vous avez des primes si vous changez vos fenêtres, l’an dernier vous aviez une prime si vous changiez la porte, et l’année prochaine on va dire que comme la chaleur monte il faut isoler le toit. En matière agricole les règles du jeu changent aussi tous les 6 mois parce qu’il n’y a pas d’argent et qu’on déshabille Pierre pour habiller Paul. »
1h22 Pierre Larrouturou : « Sur [la question de] l’Élysée, on n’a pas d’accès direct. Je ne vais pas vous faire croire qu’on voit tous les jours le président… Mais c’est vrai qu’on a été reçu à 6 reprises par plusieurs conseillers du président ce qui montre un certain intéressement et qu’on est appuyés par deux ministres. Il ne semble pas y avoir de blocage. […]
Sur [la question de] l’Opinion publique, [le pacte] est un sujet qui rassemble largement. A Rennes l’autre jour on avait 700 personnes, de droite, de gauche, des jeunes, des vieux, des maires ruraux qui nous convient à venir en septembre devant tous les maires ruraux des quatre départements de Bretagne. Quand on a organisé en mars une journée à l’UNESCO, on avait un représentant du Pape François, on avait Laurence Parisot, on avait le patron de tous les syndicats européens, et aussi des dirigeants du Grand Orient de France… […] On est sur un sujet qui peut nous rassembler franchement. Et l’amitié franco-allemande a besoin de choses concrètes et des idées simples. Quand Adenauer et Schuman ont décidé de mettre ensemble le charbon et l’acier c’était une idée qui paraissait simple mais qui a tout changé. Si on veut que le message soit compris aussi bien en France, qu’au Portugal ou au Danemark, je pense qu’il faut des idées simples qui parlent à tout le monde et qui ont un effet sur la vie quotidienne des gens ».
1h27 Une députée à qui on donne la parole indique qu’elle n’a plus de question car elle a déjà obtenu les réponses aux questions qu’elle souhaitait poser. J’apprécie de voir un élu qui n’éprouve pas le besoin de mettre son ego en avant.
Jean Jouzel (photo extraite de la vidéo de l’Assemblée Nationale)
1h31 Jean Jouzel, à propos des climatoseptiques : « Oui, [il y en a] mais il faut bien comprendre que dans notre communauté de [scientifiques] du climat et de la météorologie, il n’y a pas de climatosceptiques ! Les climatosceptiques qu’on entend sont des scientifiques d’autres communautés. C’est tout à fait leur droit. C’est à nous d’être convaincants à travers les rapports du GIEC et nos interventions, des arguments scientifiques, sur la réalité du réchauffement climatique et de l’urgence à agir ».
Pierre Larrouturou (photo extraite de la vidéo de l’Assemblée Nationale)
1h35 Pierre Larrouturou : « Il faut faire appel à l’intelligence des gens : il n’y a pas que le bâton, il faut convaincre les gens et leur donner des financements pour leur dire « Le prix du carbone va augmenter, voilà comment vous pouvez isoler votre maison, voilà comment vous pouvez aller à votre boulot en consommant moins d’énergie ». Par exemple en prenant votre vélo, les transports en commun ou des voitures qui consomment moins, les solutions ne sont pas les mêmes partout. Si la seule arme c’est augmenter le prix du carbone ça ne marchera pas.
Au niveau des négociations [internationales par exemple], si avec l’Allemagne on ne met que le prix du carbone [sur la table], ils le vivent comme « le nucléaire français veut pousser son avantage pour casser les pieds du charbon allemand ». Tout le monde le sait ! Quand on dit ça au Quai d’Orsay ou à l’Élysée tout le monde sourit en ajoutant « Oui, et c’est pas tout à fait faux… ». Et les Allemands commencent à en avoir marre que ça soit notre seule proposition […].
Je rappelle qu’on n’obtiendra pas la neutralité [carbone] si on continue de consommer de plus en plus d’énergie. Je rappelle qu’il faut arriver à DIVISER PAR DEUX notre consommation d’énergie ! ».
1h37 Pierre Larrouturou : « Que faire pour nous soutenir ? Tout d’abord, depuis que nous sommes arrivés [dans cette salle] nous sommes à 30 signatures de députés grâce au soutien de Mme Thillaye. Il y en a encore parmi vous qui n’ont pas signé donc vous avez encore le temps de réfléchir et on serait heureux que le nombre de députés augmente. Ensuite, peut-être que vos Commissions pourraient faire un avis, à priori favorable même si vous n’êtes pas d’accord à 100% en disant « en gros c’est dans ce sens là qu’il faut aller ». Le CESE, Comité Économique et Social Européen, nous a auditionné et va rendre un avis, donc peut-être que vous pouvez le faire [aussi]. Vous pouvez nous aider à convaincre d’autres députés. On peut faire des débats dans vos circonscriptions. Vous pouvez nous contacter et on sera très heureux de continuer le dialogue ».
1h53 Pierre Larrouturou : « Agriculture : on a besoin de réfléchir sereinement. La FNSEA était là le 15 mars et disait « Nous sommes les premières victimes du réchauffement, nous sommes une des causes du réchauffement et nous voulons être acteurs. » On n’est pas là pour trouver des coupables. On est ensemble responsables de la même planète. On doit tous ensemble trouver des solutions, on tâtonne et il faut être honnêtes dans nos évaluations. »
1h56 Pierre Larrouturou : « Soutien : parmi les gens qui nous soutiennent il y a Pascal Lamy, et son chef de cabinet nous disait « L’Europe va mourir dans l’année qui vient si on en reste à mettre des rustines sur des sujets technos. Il faut trouver des sujets qui aident la vie quotidienne et qui parlent à tout le monde, à un enfant de 10 ans, à toutes les générations ». […] Vous savez qu’Emmanuel Macron a repris l’idée d’un Pacte mondial pour l’environnement (voir Wikipedia et Délégation à l’ONU) fait par quelques juristes. Emmanuel Macron non seulement en a écrit la conclusion mais a dit « Je vais le porter à l’ONU ! » Et en septembre dernier il l’a effectivement porté à l’ONU avec le numéro 2 chinois à ses côtés. Et il y a 15 jours il y a eu un vote indicatif qui montre qu’on a bon espoir que dans 2 ans l’ONU ait adopté ce Pacte mondial pour l’environnement. »
2h00 Pierre Larrouturou : « Compétitivité : l’Europe a dépensé plus de 200 milliards l’an dernier pour acheter du pétrole et du gaz aux russes et aux États arabes. Si on est capable de diviser par quatre notre consommation, ça fait une sacré économie et un facteur de compétitivité pour toutes nos entreprises. Plusieurs chefs d’entreprise nous indiquent que si on comprend la gravité du problème, un impôt de 5% ce n’est quand même pas la mort ! Et que globalement si on relance l’économie parce qu’on a créé 800 000 emplois, peut être qu’ex-post le volume de bénéfices sera même supérieur parce qu’on va relancer l’économie. »
Pierre Larrouturou (photo extraite de la vidéo de l’Assemblée Nationale)
2h01 Pierre Larrouturou : « On est une petite association, Agir pour le climat, deux permanents et des bénévoles. On cherche des alliés. On n’est pas là pour faire une conférence. Peut-être que certains d’entre vous se disent « C’est pas juste le truc de Jouzel et Larrouturou. Larrouturou il parle trop vite il n’arrivera à rien, donc il faut qu’on les aide, leurs idées sont bonnes ». Sans rire, blague à part, est-ce que vous considérez que c’est votre bébé ? […] Vous pouvez être nos alliés pour gagner ce combat ».
Gaël Le Bohec (photo extraite de la vidéo de l’Assemblée Nationale)
2h03 Député Gaël Le Bohec : « M. Jouzel, M. Larrouturou, je suis ravi de vous avoir ici. M. Jouzel de vous retrouver en forme car on a besoin de vous dans le cadre de ce projet, je vous souhaite de garder cette dynamique. Je suis ravi de faire partie des 100 premiers cosignataires pour booster et motiver mes collègues petit à petit. […] Une étude d’une université américaine montrait dans les années 1970 qu’il y avait 10 scénarios possible sur l’évolution du climat. Sur ces 10 scénarios il y en a 8 qui étaient très positifs sur l’économie et le développement, et 2 qui étaient plus catastrophiques. Et ce ne sont que ces 2 derniers qui restent : un qui indique qu’on va exploser dans 5 à 10 ans et l’autre dans 15 à 20 ans. Avez-vous des informations complémentaires sur ces 2 scénarios ? »
Jean Jouzel et Pierre Larrouturou (photo extraite de la vidéo de l’Assemblée Nationale)
2h04 Pierre Larrouturou : « L’autre jour j’étais à Rome avec un spécialiste qui disait que c’est foutu, qu’il faut arrêter de parler des 1,5°C car on n’y arrivera pas, et que déjà c’est bien si on arrive à limiter à 2°C. Le besoin d’adaptation tout autour de la Méditerranée et en Afrique est colossal. C’est pour ca qu’il y a besoins d’investissements […]. Tout montre qu’on peut aller vers un effondrement dans les 5 à 10 ans. La question est de savoir ce qu’on décide ! Et vous êtes les parlementaires !
[Après la seconde guerre mondiale] on attendait le match retour : avec des millions de morts entre l’Allemagne et la France, on aurait pu la jouer encore une nouvelle fois pour écraser ceux qui bougeaient. [Et donc, là,] Schuman et Adenauer ont pris [avec le Charbon et l’Acier] une décision révolutionnaire qui a changé le cours de l’Histoire. Est-ce qu’on est capables, nous, en 2018-2019, de faire mentir ces 2 scénarios ? Car si on lit les rapports du FMI, la prochaine crise financière va faire très mal. Et si on lit les rapports du GIEC [le réchauffement climatique également] va faire très mal. Et les principales préoccupations des dirigeants ce sont les urgences : même si on a été reçu 6 fois à l’Élysée et que le président a promis à deux de ses ministres importants qu’il était prêt à nous recevoir, ça fait des semaines que chaque jour il a des urgences qui [lui] paraissent plus graves que le Climat qu’on peut repousser encore d’une ou deux semaines. Mon souci c’est est-ce que les chefs d’État, malgré la fatigue des décideurs, malgré les crises (il y en a toutes les semaines avec Trump) sont encore capables de prendre des décisions qui permettent de changer de modèle et pas uniquement d’éteindre des incendies ? Si on n’arrive pas à faire bouger nos chefs d’État on va vers les pires scénarios. Merci d’être des alliés ! Vous êtes des parlementaires, des acteurs majeurs d’un des pays qui compte fondamentalement dans l’avenir de l’Europe et vous avez un rôle crucial à jouer dans les prochains mois. Merci ! »
(applaudissements)
(retranscriptions par Godefroy Troude)