Fadela Amara, ancienne secrétaire d’Etat, présidente de l’association « Ni putes ni soumises », interviewée sur RTL, explique qu’il y a en France un sentiment de culpabilité post-colonial, que les politiciens depuis 30 ans ferment les yeux sur les revendications religieuses, burka, voile, de peur de stigmatiser, oubliant d’affirmer les valeurs de la République.
L’interview est ici : http://www.rtl.fr/…/attentats-a-paris-on-a-achete-la-paix-s…
Pour les pressés qui n’ont pas le temps d’écouter les 9 minutes d’interview, j’ai reformulé ci-dessous l’essentiel. Je dis « reformulé » car j’ai dû réordonner le texte, trop « oral », pour qu’il soit plus lisible à l’écrit, en essayant de trahir le moins possible les idées :
« Quand vous regardez ce qui se passe dans nos quartiers, on n’est pas dans un fonctionnement républicain : il y a [certes] une pression économique [mais] aussi une pression religieuse dans sa radicalité. […] »
« Les femmes [issues de l’immigration] s’émancipent et sont la majorité silencieuse dans les quartiers. Sauf qu’on se retrouve dans une situation où malheureusement on a un effet inverse parce la République [y est absente] depuis trop longtemps : […] laxisme, non exigence du respect des valeurs de la République. […par] lâcheté, les hommes politiques de gauche comme de droite […] et l’administration […] ferment les yeux sur toutes ces formes de particularismes, de revendications, […] sur la burka, sur le voile [de] peur que ça explose, de peur de stigmatiser, […ils] préfèrent ne pas réaffirmer des valeurs qui sont le concept même du vivre ensemble. […] Une des grandes avancées de ce pays a été la loi de 2004 qui a permis d’interdire le port de signes religieux dans les écoles, notamment le voile, protégeant les filles [mais] il a fallu mener cette bataille alors que tout le monde pensait que c’était acquis ! »
« Moi je déteste le « Relativisme culturel », je déteste le discours victimaire, je déteste le discours de l’excuse permanente. […] Le meilleur moyen de respecter des gens comme moi, qui sont issus de l’immigration et qui se considèrent français, c’est d’exiger d’eux qu’ils respectent les valeurs de la république, et la Laïcité en particulier. […] »
« On pensait que le mouvement « Ni putes ni soumises » était minoritaire, alors que c’est le contraire :
– il y a une majorité silencieuse qui s’inscrit dans cette démarche de citoyenneté avec des droits et des devoirs, une […] adhésion forte aux valeurs de la république.
– et puis [il y a] une minorité qui s’inscrit dans le Relativisme culturel, des revendications permanentes sur des problèmes identitaires, des revendications religieuses, et qui eux paradoxalement sont beaucoup plus écoutés par les politiques [car] ils sont [plus radicaux, plus agissants] mais surtout parce que dans ce pays il y a un problème, un sentiment de culpabilité qui est trainé par les histoires d’anciennes colonies. Sauf que nous on en est victime aujourd’hui : mon père est algérien, moi je suis née en France, on vit très bien ensemble. Il y a eu la guerre d’Algérie mais ce n’est pas la peine de nous bassiner avec cette histoire là. Aujourd’hui on le voit bien d’ailleurs dans les mouvements [tels que] « La marche pour la dignité » vous avez deux tendances dans les quartiers :
– « Ni putes ni soumises », républicains, citoyens, laïcs, qui s’affirment comme féministes, égalitaires,
– et de l’autre côté ce courant de pensée représenté par « La marche de la dignité », dans laquelle un ensemble d’individus qui en réalité prônent systématiquement la haine de la France : tout ce qui se passe dans les quartiers c’est de la faute de la France, de la faute de la République. Les attentats terroristes étaient excusés par les personnes représentatives de cette marche, qui ont déclaré que c’était dû au fait que la France traite comme dans une ancienne colonie les habitants des quartiers de notre pays ! […]
Nos concitoyens ont compris que tout le monde était touché, ce n’est [plus] la peine de dire « Attention à l’amalgame » […] Il faut être offensif maintenant. Je vous invite à regarder [ce que dit] la communauté musulmane […] sur les réseaux sociaux […] Cette majorité silencieuse qui est prise en otage [écrit] « On aime ce pays, on est laïc » [et fait] des vidéos hyper-marrantes avec le langage des banlieues […] ils disent quoi aux islamistes ? « Fuck ! » […] « Vous pensez qu’on est comme vous ? Mais on vous déteste, foutez le camp ! Vous n’êtes pas contents de la France, ça vous pose un problème, cassez vous ! » Ce qui s’est passé dernièrement a complètement changé la donne.
Nous allons mener la bataille ensemble, mais à condition qu’on arrête de trouver des excuses, qu’on arrête de soutenir des courants de pensée conservateurs et rétrogrades. Tout doit s’inscrire dans le cadre de la loi républicaine ».