Michel Barnier interviewé par Daniel Cohn-Bendit (extrait de la vidéo Euronews)
Une interview intéressante de Michel Barnier par Daniel Cohn-Bendit sur les modalités du Brexit, le rôle de l’Union Européenne, et quelques mots sur le défi de la dégradation climatique.
Michel Barnier : « Tout le monde de notre côté regrette le Brexit, et parfois même, ne comprend pas pourquoi la majorité des Britanniques a voté pour la sortie de l’Union Européenne. Nous regrettons ce vote mais nous sommes prêts à le mettre en œuvre et nous devons le respecter. Le Brexit crée d’énormes incertitudes, comme tout divorce, et depuis un an et demi nous avons élaboré ce traité d’accord sur le Brexit [il tient le document de 600 pages] intégrant les réponses juridiques à la séparation. […] »
Michel Barnier : [A propos des difficultés rencontrées au Royaume-Uni par Theresa May pour faire valider le traité d’accord :] « l’important c’est de savoir ce que veut le Royaume-Uni […] On ne peut pas renégocier [ce traité d’accord] négocié en commun [par les États européens] avec le gouvernement Britannique. […] L’impasse dans laquelle nous nous trouvons doit être résolue par le Royaume-Uni. […] Je rappelle que c’est le Royaume-Uni qui quitte l’Union, ce n’est pas nous qui quittons le Royaume-Uni. [S’ils votent pour demander un délai] je dirai « pourquoi faire ? ». Ce pourrait être une prolongation technique, car si l’accord est [accepté] il faudra quelques semaines supplémentaires pour le mettre en place (mais dans ce cas cela veut dire qu’ils votent l’accord). Sinon ce pourrait être une prolongation de tactique politique et dans ce cas je connais la réponse et la réaction de l’UE, des dirigeants et du Parlement : à quoi cela servira t-il ? Pourquoi avez-vous besoin d’une prolongation ? Pour organiser un nouveau référendum ? De nouvelles élections ? Je ne peux pas répondre à cette question à la place du gouvernement britannique ! ».
« [Aujourd’hui] les négociations du divorce sont terminées et pour être clair, la chose la plus importante pour moi, ce n’est pas d’organiser le divorce mais de préparer le futur. Nous aurons besoin de 2 à 4 ans après le divorce pour mettre en place un nouveau partenariat avec le Royaume-Uni. Dans tous les cas, le pays restera un partenaire proche, un ami, un allié . Nous devons organiser cette nouvelle relation, car le Royaume-Uni quitte l’UE sur des bases nouvelles. »
« Je suis déterminé à protéger les intérêts de l’Union, ce qui inclus les droits des citoyens, qui sont et resteront ma principale priorité. Je suis déterminé à respecter le Royaume-Uni et son peuple […] et à protéger la pays en Irlande : les accords du vendredi Saint et tout ce qu’ils impliquent. En Irlande la priorité est de protéger la paix et l’intégrité du marché unique. L’Irlande n’est pas une affaire dogmatique ou idéologique mais une affaire pragmatique qui concerne le marché unique : s’il n’y a pas de frontière entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord (et nous ne voulons pas reconstruire de frontière !) alors nous devons contrôler les biens. Car tous les produits qui entreront en Irlande du Nord depuis la Grande-Bretagne (qui ne fera plus partie de l’UE) entreront en France, en Allemagne, en Pologne, en Espagne puisque la République d’Irlande fait partie du Marché unique. »
Michel Barnier est Négociateur en chef chargé de la préparation et de la conduite des négociations avec le Royaume-Uni
A voir en intégralité sur le site Euronews (20mn) et aussi en version anglaise.