Voici une rédaction de français sur le fantastique que je me suis amusée à recopier. Si vous avez des questions ou des commentaires ou des débats, n’hésitez pas : les commentaires sont faits pour ça !!!
« Je vais vous conter un phénomène étrange, que j’ai vécu l’année précédente. À ce moment-là, j’étais peintre, et j’ai, depuis, changé de profession. J’étais, je dois dire, assez réputé car j’exposais dans plusieurs musées à la fois, sous le nom de Nicolas Steinberg.
Jeudi 12 octobre, jour de pleine lune, je fus invité à l’un des vernissages de musées. Je fus bien évidemment félicité. Quand je remarquai une timide jeune femme dans un angle qui observait calmement l’un de mes tableaux. Elle s’appelait Émilie, je ne me souviens plus de son nom de famille, mais de ses yeux : deux billes vert clair entourées de cils légèrement maquillés, des yeux perdus, hallucinés. Elle me raconta qu’elle avait déjà observé mes peintures, particulièrement les portraits, et qu’elle les voyait bouger. Je répondis ironiquement à cette affirmation. Le soir, je repensai à elle, à ses yeux perdus, à son monde magique.
Je dormis mal, la lune et Émilie m’empêchaient de fermer l’oeil. Le musée dont Émilie me parlait était situé en bord de mer, il s’appelait, je crois me souvenir … Ah ! Oui, musée Hawlord. Le lendemain, donc, je me rendais sur les lieux. Je remarquai immédiatement les magnifiques vagues se fracassant contre les rochers, et l’écume qui en résultait. Je frappai à la porte, aucun bruit, si ce n’est le roulis des vagues permanent. J’ouvris la porte, toujours personne. Le manoir était effrayant inhabité : aucune lumière, aucune personne, mais une centaine d’oeuvres s’alignaient devant moi. J’allumai une torche, et me promenai dans les allées éclairées par la pénombre*. J’entendis un craquement juste derrière moi … personne. Je continuai mon chemin, quand je vis apparaître deux yeux verts au niveau du sol qui m’observaient. Ils se refermèrent dès qu’ils croisèrent mon regard. Je commençai à paniquer. Lorsque j’aperçus mes œuvres.
Une voix mielleuse dont je me souvenais me fis sursauter. « Là, tu vois, au bout de mon doigt, tu vois, ses lèvres bougent, tu vois, ses yeux s’agitent, tu vois, il essaye désespérément de te susurrer une phrase, tu vois ? » Je failli mourir de peur ! Je me retournai, c’était Émilie aux grands yeux verts ; ses “tu vois“ résonnaient dans ma tête tel le tic-tac d’une pendule infernale ; et, en effet, le tableau bougeait, MON tableau bougeait ! C’était incroyable et inacceptable, incroyable et prodigieux ! J’ouvris plus grand mes yeux et m’aperçus que les autres tableaux bougeaient ! Émilie me dit qu’elle était propriétaire du manoir, du manoir hanté, je préciserais. Je l’invitai chez moi pour causer de ce phénomène fantastique. Nous discutâmes donc autour d’un thé, lorsque, soudain, elle se leva et dit : « Oh maître de tous les dieux, de toutes les œuvres, j’ai accompli ma mission, je peux m’éteindre comme il se doit ! » Et elle s’écroula par terre, puis mourut. J’appelai immédiatement la police qui m’embarqua, puis me jeta en prison sans aucune preuve plausible. Dans son testament, signé la veille de sa mort comme si elle l’avait prédit, Émilie me cédait tous ses biens. Les officiers de police ne voulurent rien entendre, mais, à ma grande surprise, m’accompagnèrent tout de même au manoir Hawlord. Pendant que je le revisitais, cette fois-ci de jour, les policiers m’observaient. J’aperçus au loin les tableaux signés de mon nom, et m’approchai. Oui, il y avait bien des portraits mouvants. Et je crus apercevoir Émilie, enfin non, c’était un portrait ! Je n’en crus pas mes yeux ! Un portrait d’Émilie signé Steinberg ! Signé Steinberg ! Les policiers utilisèrent cette œuvre pour m’attaquer en justice : soit disant j’étais un “meurtrier à répétition : que je peignais mes victimes avant de les tuer“. Ils me raccompagnèrent en prison.
D’autres personnes eurent la même fin qu’Émilie : ils visitèrent le manoir Hawlord, moururent, disparurent, ou partirent loin dans d’autres contrées, dans d’autres pays, et leurs portraits étaient présent dans ce manoir, signés de mon nom. Heureusement, les policiers me relâchèrent vite car ils comprirent que ce n’était pas de ma faute s’ils étaient morts, que je ne peux pas peindre des tableaux et les afficher car j’étais en prison.
À l’heure où je vous parle, j’ai changé de nom : je ne m’appelle plus Nicolas Steinberg, mais Alphonse Greenpaint. J’ai fait de mon mieux pour changer d’apparence avec de la chirurgie esthétique, et de métier : j’ai arrêté ma passion, fini la vie d’artiste ! Je suis banquier à Wingdom, à Londres et non plus en Écosse.
En y réfléchissant mieux, je pense qu’Émilie devait se droguer, faire partie d’une clique psychédélique qui avait pour but faire partager ses folies à d’autres. Lorsqu’elle eut sa crise puis mourut, je pense qu’elle était en manque de drogue.
Ah oui ! J’ai un dernier détail à vous donner. Il y a deux mois, j’ai reçu une lettre de Michelle, la propriétaire de mon ancien logement, atelier si vous préférez. Michelle m’informait qu’un nouveau tableau était apparu dans mon manoir Hawlord, c’était le mien, à l’époque où je n’avais point fait de chirurgie, c’était mon autoportrait du temps où je m’appelais Nicolas Steinberg
*j’ai gardé cette formulation même si elle ne veut pratiquement rien dire (on va dire que ça donne un style)