Adieu Stan Lee


Stan Lee devant l’un de ses Super Héros (dessin de John Romita, 1995)

Stan Lee nous a quitté il y a quelques jours.

Scénariste aussi intarissable (près de 5 000 personnages créés) que précoce (rédacteur de chef à 20 ans) il prit la tête de la maison d’édition « Marvel Comics » dans les années 1960 qu’il relança par sa créativité, face au Superman lisse et invincible de la maison concurrente « DC Comics« .

Stan Lee inventa des « Super Héros » moins manichéens, affrontant des problèmes personnels ou sentimentaux, les plus emblématiques étant probablement L’homme araignée (spider man) et Le surfer d’argent (silver surfer). Le premier, jeune reporter photographe dépressif, manquant d’assurance dans sa vie sentimentale, est autant tourmenté par le paiement de son loyer que par les campagnes de presse orchestrées par son patron irascible et intolérant aux Super Héros. Le second, idéaliste galactique, se sacrifie pour sauver sa planète Zenn-La et – se rebellant contre son maître, Galactus, pour sauver la Terre – sombre dans une névrose causée par son exil forcé parmi les terriens et la perte de sa bien aimée. Il possède une lecture politique et philosophique de la société humaine.

Sten Lee se distingua également par l’étonnante quantité de Super Héros créés (comme Iron Man, Daredevil, Hulk, Thor, Docteur Strange, des associations de Super Héros comme Les quatre fantastiques, les X-Men, Les Vengeurs, Les Champions, Les Inhumains, Les Éternels, Les Gardiens de la Galaxie) mais également des « Super Vilains » (comme Galactus, Docteur Fatalis, le Bouffon vert, Docteur Octopus, et des associations de Super Vilains comme la Confrérie des mauvais mutants) aux psychologies parfois tout aussi torturées.

Stan Lee initia également des récits plus complexes, étalés sur plusieurs épisodes, dont les protagonistes pouvaient réapparaître dans d’autres séries de Super Héros, parfois plusieurs années plus tard. L’interconnexion de ces histoires, généralement rappelée par des petites notes de bas de page, incitait également le lecteur à découvrir d’autres séries de la maison d’édition Marvel. Plus rarement, certains personnages phares des maisons d’édition concurrentes se sont associés ou confrontés à ceux de la Marvel (tout comme certains de leurs dessinateurs – tel Neal Adams – qui travaillèrent à la fois pour Marvel et la DC).

Stan Lee accompagna l’émergence d’une nouvelle génération de dessinateurs de talent tels que Jack Kirby initialement, puis John Buscema, John Romita, Gene Colan, Neal Adams… caractérisée par un dynamisme très innovant en bande dessinée, adaptant un langage photographique : plongées ou contre-plongées parfois exacerbées, simulation d’optiques grand angle aux puissantes lignes de fuites, cadrages innovants, mise en page parfois révolutionnaire (qui mériteraient un article fleuve et pas juste ce petit paragraphe). A mes yeux, seul Franquin en Europe rivalisait avec le dynamisme visuel de ces dessinateurs américains.

Enfin, Stan Lee favorisa le déferlement d’adaptations cinématographiques de Super Héros. Après une quarantaine d’années de rares et médiocres adaptations au cinéma et à la télévision, deux productions DC Comics émergent : d’abord, en 1978, Superman avec Christopher Reeves, puis, en 1989, Batman avec Michael Keaton. Ce n’est que dans les années 2000 que Marvel rencontre le succès avec Spiderman et dépasse DC Comics avec de très nombreuses adaptations, où Stan Lee faisait souvent de brèves apparitions à l’écran, à la manière d’Alfred Hitchcock.

 


Couverture du n°1 du Surfer d’Argent, 1968 (dessiné par John Buscema)

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