Jean-Pierre Bacri, merci pour tout !

Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri (photo blog Agnès Jaoui)

Jean-Pierre Bacri qui nous a quitté hier 18 janvier. Acteur et scénariste remarquable, inséparable d’Agnès Jaoui, il faut voir et revoir leurs magnifiques « Cuisine et dépendances » (1993), « Un air de famille » (1996) et « Le goût des autres » (2000) et en tant qu’acteur le revoir dans « Didier » (1997), « Mes meilleurs copains » (1989) et « Les sentiments » (2003).

 

Jean-Pierre Bacri était également une personnalité médiatique que son refus de la compromission et son franc-parler, sarcastique sans être agressif, ont rapidement rendu populaire. Comme Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri en interview ne se laissait pas diriger par l’animateur. Donnant rarement l’impression d’y être à l’aise, il répondait aux questions factuellement, sans complaisance, n’hésitant pas à en prendre le contrepied, voire en souligner l’incongruité et mettant le journaliste face à ses responsabilités. Néanmoins c’était toujours fait sans agressivité, avec sincérité, avec une difficulté à sourire et des rictus témoignant de sa gêne du dispositif médiatique et surtout de la promotion.

« Je n’ai pas de raisons d’être gai, je suis un être humain, pas un animateur ».

Pourquoi vous voit-on si peu sur les plateaux de télévision ? « Je ne voudrais pas avoir l’air arrogant, mais franchement, c’est trop médiocre, c’est même pathétique. Quand je vois les malheureux invités de ces plateaux obligés, sous prétexte de promotion, de rire en se laissant moquer, humilier, par des animateurs d’une vulgarité déprimante, je trouve cela insupportable. À une époque, j’ai répondu à quelques invitations de ces animateurs et je n’hésitais pas à leur rentrer dedans. Le problème, c’est qu’ils adoraient ça ! Cela faisait de moi un « bon client » qu’on avait envie de réinviter pour refaire le même « numéro ». Quelle ironie ! Car je ne faisais pas un numéro. J’étais chaque fois sincère, réellement exaspéré par leur comportement. Et je me sentais sali d’être ainsi récupéré par ce système pervers. » (Interview, 2011)

À lire

Jean-Pierre Bacri (Fiche Wikipédia)

Jean-Pierre Bacri, en 2011 : « Ma gueule fait la gueule, c’est ainsi » (Le Monde du 18/01/2021)

« Jean-Pierre Bacri, la mort d’un râleur lumineux » (Le Monde, 19/01/2021)

À écouter

« Bacri fait du Bacri, c’est très péjoratif. Est-ce que j’aurais l’idée moi de dire Busnel fait du Busnel ? » (2012, France Inter, Le grand entretien — 0h53) À écouter en ligne

« Rien de mieux que la comédie dramatique pour dire la vie » (2018, France Culture, L’invité culture — 0h30). À écouter en ligne

À voir

« Jean-Pierre Bacri : entretien avec un homme libre à l’humour grinçant » (2011, Télérama — 0h21). Après quelques extraits de films, une auto-interview à base de Post-it où Jean-Pierre Bacri ne dissimule pas son embarras par rapport au dispositif journalistique, mais d’une sincérité comme toujours déroutante, où il témoigne entre autres de son intérêt pour Montaigne, la politique, son goût pour Pinter (mais pas Guitry), son amour pour « Barry Lyndon » et « Un jour sans fin », Michel Rocard… À voir en ligne

« Interview Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri » (2018, Fnac — 0h22). Questions-réponses avec les clients de la Fnac Saint-Lazare, en 6 parties selon un ordre reconstitué [Note mai 2021 : certaines parties sont inaccessibles en mai 2021, je les ai signalées en grisé] : 1) Leurs méthodes de travail, « Si vous regardez tous nos films il y a toujours un type qui a le pouvoir et un type qui ne l’a pas. Pourquoi les forts abusent-ils de leur pouvoir » (4:30) — 2) Travailler avec Agnès — 3) Jean-Pierre Bacri est un râleur, « Je suis optimiste parce que le pessimisme ça ne sert à rien »4) Les comédies politiques5) Les séries qu’on aime — 6) Démission de Nicolas Hulot. il ajoute avec ironie « Il se trouve que j’aime la pollution, c’est une histoire de goût ». Les réponses de Jean-Pierre Bacri déclenchent si souvent l’hilarité dans le public, que des rires fusent parfois sur des propos qui ne les appellent pas.

« Bacri/Jaoui, petite cuisine et dépendance » (2016, France 5, Entrée Libre — 0h05). Mélange d’extraits de spectacles. À noter, plusieurs extraits d’une interview intéressante, entre autre sur l’écriture et sur Molière. À voir en ligne.

« Interview d’Agnès Jaoui (2018, JJTV – 0h08). Questions sur la parité homme-femme. « [Sur les médias], le pouvoir se situe toujours chez les puissants et pas du tout chez M. et Mme tout le monde qui mettent leurs commentaires haineux ou élogieux… Il est toujours beaucoup chez les animateurs de télévision et les producteurs de télévision. Maintenant il y a des Bloggeurs qui peuvent tout d’un coup avoir un semblant de pouvoir… Une émission intéressante, c’est quand on peut apprendre des choses en la regardant, quand l’animateur ne coupe pas la parole systématiquement… J’écoute beaucoup la radio en fait, France Culture, France Inter, France Musique. Je bénis ces stations de radio. » (2:00) « J’ai toujours refusé ce type d’émission, et je reste très étonnée que tant de gens se soumettent au mépris, à la goguenardise, à la raillerie, à la méchanceté des chroniqueurs… » (3:40) À voir en ligne

« Jean-Pierre Bacri à Mardi Cinéma » (1986, France 2, Mardi Cinéma, Pierre Tchernia — 0h06). Déjà mal à l’aise en 1986 dans le dispositif médiatique de la promotion, Jean-Pierre Bacri réussi à chahuter Pierre Tchernia, amusé, à côté de Claude Brasseur hilare. À voir en ligne

« Agnès Jaoui & Jean-Pierre Bacri » (2013, RTS, Pardonnez-moi, Darius Rochebin — 0h23). Des réponses humbles et franches prenant le contrepied de questions stéréotypées manquant souvent de profondeur. L’interview est intéressante dans leur façon de ne pas répondre dans la direction sous-tendue par la question, qui essaye de les emmener dans une direction qu’ils ne choisissent que rarement. À voir en ligne

« Jaoui-Bacri, couple à succès » (2016, France 2, C à vous — 0h17). Dans une ambiance superficielle émergent quelques interventions ponctuelles de Pierre Lescure, une réflexion d’Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri sur la condition féminine à travers « L’École des femmes » de Molière (6:30) et un regard sur l’engagement politique que peuvent avoir les artistes (15:00) À voir en ligne

« Au dîner, avec Chantal Lauby et Jean-Pierre Bacri ! » (2018, France 2, C à Vous — 0h15). Ambiance toujours superficielle. Critique des journalistes, du buzz « Macron, pas envie de le massacrer comme tout le monde s’amuse à le faire avec tout le monde… On se plie à la politique du Tweet, de la petite phrase… » (13:00) À voir en ligne

« L’Interview : Jaoui et Bacri – Stupéfiant ! » (2017, France 2, Stupéfiant ! — 0h11). Après un résumé en image de leur carrière, Jean-Pierre Bacri ne concède aucun dispositif scénique à Léa Salamé en rappelant qu’il lui avait déjà dit bonjour avant qu’elle arrive sur plateau (3:40), critique des émissions de télévision en public et son côté moutonnier… « Il ne reste pas grand-chose du jeune réac dragueur chemise ouverte » (8:50). « On est politiquement corrects » (9:30) À voir en ligne

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