Daniel Cohn-Bendit (Photo extraite de la vidéo France Inter)
Daniel Cohn-Bendit, ce matin sur France Inter, a confirmé qu’il ne sera pas ministre, évoqué l’action de Nicolas Hulot et d’Emmanuel Macron, et entre autres « les mesures écologiquement et sanitairement nécessaires, mais pas populaires ».
Je recopie ci-dessous une partie des échanges :
– Nicolas Demorand : « Votre nom a beaucoup circulé comme possible successeur de Nicolas Hulot […] [Avec le président de la République vous avez] constaté d’un commun accord que cette idée – vous ministre – était une mauvaise idée […] ».
– Daniel Cohn-Bendit : « Quand j’ai entendu la démission [de Nicolas Hulot sur] France Inter, j’ai été triste. Il a quand même fait du bon boulot. […] Cet été tout le monde parlait de la dégradation climatique, pas seulement en Europe, et je me suis dit « Ce n’est pas possible, on ne va pas laisser les choses en l’état » […] « Là il faut y aller, il faut se mouiller car on ne peut pas attendre » […] je suis un peu mégalo, je me suis dit « Batman va arriver, il va bousculer tout ça ».
– Léa Salamé : « Est-ce qu’Emmanuel Macron a pris la mesure du cri d’alarme de Nicolas Hulot pour le Climat et la planète ? »
– Daniel Cohn-Bendit : « Oui et non. Il a deux niveaux de réaction. Premièrement il [trouve que Nicolas Hulot] aurait pu défendre le bilan. [Car quand même] on a fait des choses […] Je ne connais pas un seul ministre de l’environnement qui soit heureux, dans le monde ! […] Macron dit « Visiblement on n’a pas fait assez » […] Est-ce qu’il est capable d’aider le premier ministre Edouard Philippe à réorganiser le fonctionnement du gouvernement ? […] La personne qui remplacera Nicolas Hulot devra […] accélérer la transformation dans la tête du gouvernement et développer une stratégie pour la population. [Par exemple] sur le problème du Diesel : Le gouvernement n’est pas populaire [en augmentant] le prix [du Diesel pour faire] la convergence [avec le prix de l’essence]. C’est écologiquement et sanitairement nécessaire, mais pas populaire ! Si on s’attaque vraiment au climat, à l’aviation (il y en a trop) en taxant le kérozène l’aviation sera plus chère, les low-cost seront plus chers et cela ne sera pas populaire ! Mais il faut le faire ! Si le gouvernement [prend ces décisions] il s’en prendra plein la gueule et France Inter dira « La cote de [popularité de] Macron est en train de baisser » ! […] C’est un échec collectif, de tout le monde ».
– Léa Salamé : « Nicolas Hulot dit que la société n’est pas prête ».
– Daniel Cohn-Bendit : « La société est contradictoire : elle [dit] « prête si ça ne me touche pas, moi ». Mais pour toutes les réformes c’est ça. La société n’est pas prête. Et nous les politiques nous n’avons peut être pas le langage pour mobiliser la société, et quand je dis « nous » ça vaut pour moi comme pour Hulot ».
– Léa Salamé : « [Nicolas Hulot dit aussi] « Au fond il faut s’interroger sur le modèle économique. La transition écologique ne peut pas se faire avec ce modèle économique-là, l’économie de marché, libéral ou néolibéral, qualifiez-le comme vous le voulez, il faut repenser le modèle économique ». Est-ce que vous êtes d’accord avec lui ? Est-ce que vous pensez [qu’au contraire] on peut mélanger ambition écologique et pragmatisme économique ? »
– Daniel Cohn-Bendit : « On doit. Je ne suis pas d’accord avec Nicolas là dessus. Il est plutôt alter-mondialiste là-dessus. J’ai connu ça dans le temps, quand le mouvement des femmes est né : on nous a dit « L’émancipation des femmes ? Il n’y a que le socialisme ! ». Pauvres femmes, si elles doivent attendre le socialisme ! Si la dégradation climatique doit attendre l’effondrement [de notre] système politique, économique, libéral, pas assez social, pas assez écologique, on va dans le mur ! […] S’il faut attendre que ce soit Mélenchon et son plan quinquennal qui arrive au pouvoir pour arriver à lutter contre la dégradation climatique, on est dans la merde ! »
– Léa Salamé : « Est-ce que vous reconnaissez à Jean-Luc Mélenchon d’être plus loin qu’Emmanuel Macron sur la mue écologique ? »
– Daniel Cohn-Bendit : « Non. C’est de l’idéologie. Pour aller plus loin, il faut trouver les moments dans cette économie où on inverse la tendance, et ça ce n’est pas des grands discours […] (0h21) J’accepte qu’il y ait des déçus [d’Emmanuel Macron], mais sur l’Europe c’est un rempart. Sa politique est un rempart contre l’Europe qui glisse vers la droite. Et ça, tous les gens de droite – regardez la réaction d’Orbane, regardez la réaction des polonais – c’est un rempart. Et il fait avancer… même au niveau de l’environnement ! Sur le glyphosate, lui et son gouvernement et Nicolas Hulot, ont quand même eu un succès ! Alors, je sais que les écolos disent que ce n’est pas assez. […] Mais on était partis en Europe à 15 ans [et] si c’est 5 ans et pas 3 ans c’est que le gouvernement allemand lui a pété dans les doigts au dernier moment. […]
Léa Salamé : « Jean Pisani-Ferry dit que [la méthode d’Emmanuel Macron] au début était juste [et que] maintenant il faut qu’il change de méthode. Il dit qu’il ne pouvait pas faire autrement. Les déçus – je les comprends – c’est qu’à partir du moment où il y a une nouvelle majorité [on croit que les choses] ça se fait comme ça. Je ne suis pas un béni-oui-oui mais dans ce qu’on me propose politiquement aujourd’hui Emmanuel Macron est celui qui peut stabiliser une certaine partie de la société française et être un rempart. [Et] sur l’Europe [qui] m’importe le plus, c’est vraiment le seul qui aujourd’hui a une idée de ce que peut être la souveraineté Européenne. L’autonomie stratégique de l’Europe, c’est la condition d’un changement de la politique, même environnementale en Europe. »
Nicolas Demorand : « Merci Daniel Cohn-Bendit »
Daniel Cohn-Bendit : « …et je ne serai pas ministre 🙂 […] parce que je sais que ce studio est mythique (rires) on rentre dedans et on veut faire autre chose »
Transcription Godefroy Troude (l’écrit est un peu adapté pour coller au phrasé).