Manifestation JeSuisCharlie, Place de la République

Place de la République (photo Godefroy Troude)

Manifestation JeSuisCharlie, place de la République, 18h50. La place est remplie d’une foule compacte totalement silencieuse. Je suis effondré de voir qu’autant de monde est venu. J’ai du mal à avancer sur la place tellement les gens sont serrés. Au loin, au pied de la statue de la République, des bougies et un « NOT AFRAID » écrit en grandes lettres lumineuses. Soudain, l’une des personnes ayant grimpé sur le piédestal de la statue lève un grand panneau « JeSuisCharlie ». Des applaudissements se font entendre, qui gagnent progressivement toute la place. Tout le monde applaudit, longuement, pendant une minute. Je pense à Cabu, Charb, Wolinski, et les autres. Je pleure. Dans chaque regard croisé semblent se lire les mêmes pensées.

Cabu

J’ai croisé deux fois Cabu, par hasard.

D’abord rue de Buci, ces soirs où l’affluence de piétons gêne le trafic. Un homme excédé, debout à la portière de sa grosse voiture, apostrophait les éboueurs dont le lent camion-poubelle lui bloquait le passage. Cabu était là, sur le bord de la chaussée, immobile dans son grand « Duffle coat », observant la scène avec un léger sourire tendre derrière ses petites lunettes rondes, qui me laissait imaginer qu’il préparait une nouvelle caricature mettant en scène son personnage du « Beauf ». Je suis resté moi aussi une bonne minute à observer cette même scène, mais enrichie de Cabu, avec un sourire non dissimulé…

Quelques mois plus tard, par une belle journée ensoleillée, je le vois monter dans mon bus 63. Discret, il reste debout. Je répugne habituellement à aborder les personnalités publiques, ne souhaitant pas les déranger. Mais cette fois je venais de finir de lire « Cabu au Japon » et je me suis dit que je n’allais pas laisser passer une deuxième fois l’occasion de lui parler. Je lui exprimais brièvement ma joie devant son travail et m’apprêtais à reprendre ma place lorsqu’à ma grande surprise il a relancé la conversation. Je me souviens lui avoir parlé de l’anecdote de la rue de Buci, ce qui l’a amusé. Un contact simple. Je crois qu’on a bien discuté pendant 5 ou 6 stations.