
« Betty », roman de Tiffany Mc Daniel

Un père d’un milieu ouvrier modeste de Lorraine élève seul ses deux garçons après la longue maladie puis le décès de sa femme. Il est effondré quand il découvre que son grand adolescent fréquente des extrémistes de droite, lui qui est engagé à gauche depuis toujours. S’ouvre une période de silences et de non- dits pour s’accommoder tant bien que mal de la vie quotidienne car tous les deux souhaitent tacitement protéger le plus jeune frère. Une escalade de violence va entrainer la relation père – fils dans une situation extrème.
Ce livre écrit dans un style simple et modeste m’a touchée car j’y ai lu le déchirement de voir ce qu’on a de plus cher au monde devenir un étranger qui représente tout ce qu’on abomine, ainsi que l’accablement et l’incapacité à exprimer la souffrance ressentie.
Nathalie
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Dessinatrice et auteure de Persepolis, peintre et réalisatrice, Marjane Satrapi est née en Iran en 1969 dans une famille progressiste. Elle a dix ans et elle vit à Téhéran au moment de la Révolution islamique.
Dans cette série d' »A Voix Nue » de 5 émissions d’1/2heure sur France Culture, elle évoque sa vie en Iran et France, sa vision très personnelle et souvent rebelle des choses, ses convictions, ses révoltes, son amour de Paris et de la gastronomie française, et mille autres choses passionnantes encore -le tout avec punch, sincérité , élégance et franc parler-. Un régal !
Voici le lien vers le 1er épisode, les autres sont sur les podcasts d' »à voix nue ».
https://www.franceculture.fr/emissions/a-voix-nue/marjane-satrapi-15-construction-dune-rebelle
Nathalie
J’ai lu ce livre juste après la rencontre avec l’auteure à ma librairie La Belle Lurette, une très jeune femme au regard intense vêtue d’un sweet capuche qui détonne un peu dans notre arrondissement plutôt bourgeois. J’ai aimé cette construction en courts chapitres et courtes phrases, avec une dimension presque incantatoire : ils commencent tous par « je m’appelle Fatima Daas, je suis » – et là viennent et reviennent différentes facettes de son identité. C’est justement ces différentes facettes qui ont du mal à cohabiter – croyante musulmane, dernière enfant de sa famille, française d’origine algérienne, rebelle, homosexuelle, poly amoureuse – qu’elle confronte pour essayer de se définir elle-même et de trouver sa place. Un récit d’inspiration autobiographique percutant.
Nathalie
Ce livre nous ouvre l’univers d’un enfant de 10 ans, solitaire en quête désespérée d’affection, qui vit avec sa grand mère suite au décès de ses parents.
C’est autour de l’observation d’une méduse sur une plage en Normandie qu’il rencontre un autre garçon spontané et solaire, à qui il voue aussitôt une amitié absolue, cherchant à se faire accepter par lui et sa mère qu’il idéalise, et à lui cacher sa propre grand-mère qu’il adore mais qui lui fait un peu honte et surtout sa tante qu’il voit comme folle et repoussante.
Avec une écriture fluide, évocatrice et pleine d’images, l’auteur nous embarque dans le quotidien et les perceptions de cet enfant au cours de ces semaines d’été, qui mélangent le réel et l’imaginaire sans qu’on sache toujours la limite entre les deux, ce qui rend le livre particulièrement touchant.
Nathalie
Ce film/dessin animé fait découvrir un pan méconnu et peu glorieux de l’histoire française : l’enfermement de réfugiés espagnols ayant fui la dictature de Franco dans le camp de concentration de Rivesaltes, dans des conditions indignes et révoltantes. On y découvre l’histoire étonnante du dessinateur Josep Bartoli, enfermé dans ce camp et qui y dessine tout ce dont il est témoin. Il réussit à fuir vers le Mexique grâce au narrateur, un gendarme plein d’humanité avec qui il se lie d’amitié. J’ai beaucoup aimé cette évocation, les dessins originaux de Josep Bartoli,-un peu moins la façon d’animer les dessins de Aurel ; je recommande ce film.
Nathalie
Une femme qui sait que sa maladie va bientôt l’anéantir souhaite se donner la mort avec l’aide de son mari. Elle prévient et invite ses enfants, leurs compagne et compagnon, son petit-fils et sa meilleure amie à passer un dernier week-end tous ensemble avant de passer à l’acte. Ce week-end révèle et chamboule les liens et fractures au sein de la famille.
Ce film très bien interprété et touchant -malgré des décors un peu aseptisés- donne de la visibilité à ce sujet étonnamment peu présent mais qui nous concernent tous : le droit à mourir dans la dignité . La séance au Majestic Bastille a été suivie d’une rencontre-débat avec l’association ADMD qui défend ce droit, l’occasion de prendre la mesure du retard scandaleux de notre pays en la matière.
Nathalie
Je suis entrée très facilement et avec plaisir dans ce roman noir israélien recommandé par ma libraire, car il fait la part belle à des personnages féminins attachants et fait découvrir certains aspects de la société israélienne. La partie noire du roman arrive un peu par surprise à la fin de la première partie : on ne peut plus lâcher le livre avant la fin.
Nathalie
Ce « Journal d’un corps » est celui que le narrateur a tenu de ses 13 à ses 87 ans, année de sa mort en 2010. C’est une idée très originale que de parcourir une vie à travers les manifestations multiples du corps aux différents âges de la vie, de tout ce que ça implique à titre individuel et dans la sphère sociale, et c’est écrit avec l’inimitable et chaleureux style Pennac, même si on n’y retrouve pas l’excitation de ses romans aux intrigues improbables mais très bien tricotées. Cela amène forcément à se poser des questions sur soi-même et donnerait presque envie de faire son propre « journal d’un corps » (ça m’a remis du baume au cœur après la décevante lecture de la Loi du Rêveur, son dernier roman paru, qui m’a déçue).
Nathalie
Le Musée de la Poste vient de rouvrir après sa rénovation. Je ne le connaissais pas avant mais j’ai trouvé très intéressante toute l’ histoire du transport du courrier, à pied, à cheval, en voiture, en train, en avion avec l’aventure de l’aéropostale, et même en montgolfière et pigeons voyageurs pendant la commune de Paris. Parmi les objets exposés, je citerais notamment : une carte du pourtour méditerranéen du XIIIe siècle avec tous les itinéraires représentés de façon aplatie comme pour les lignes de bus, les énormes bottes de postillon (postier à cheval) de 3 kg chacune, un appareil à perforer les lettres venant de pays où il y avait le choléra pour les décontaminer, une robe en timbres, une lettre adressée à Henri IV avec la mention « décédé depuis 1610 »…
Nathalie
Dans l’hiver polaire, une jeune fille est brutalement séparée de sa famille par une faille dans la glace sur laquelle ils campaient. Elle doit survivre en trouvant de la nourriture, en se mêlant à d’autres groupes familiaux, en sachant apprivoiser les esprits bienfaisants ou malfaisants… c’est un livre très poétique entrecoupé de chants d’esprits de la nature, d’ancêtres ou d’autres personnes des tribus que l’héroïne rencontre. Il apporte un regard différent sur la relation avec la nature hostile mais déterminante pour la survie, les animaux dont on se nourrit, les ancêtres qui se réincarnent dans les bébés qui naissent… l’auteure a été en résidence au muséum d’histoire naturelle pour écrire ce livre et s’est beaucoup documentée sur les modes de vie Inuits. J’ai lu ce livre dans des conditions idéales : à la montagne, bien au chaud mais entourée de paysages enneigés .
Nathalie
Premier des 3 livres écrits par Francesca Melandri, c’est le dernier que je lis. Décidément cette auteure me touche beaucoup : comme dans « Tous sauf moi » elle mêle à merveille les histoires romanesques aux personnages attachants ou intrigants qu’on suit sur plusieurs générations à la grande Histoire et la politique dont elle fait découvrir des pans méconnus (voire pour moi totalement inconnus) : dans « Eva dort » il s’agit de déchirements nationalistes entre Allemands puis Autrichiens et Italiens du Tyrol Italien, appelé également Haut-Adige depuis les années 30 jusqu’aux années 60/70. Un très beau livre, beaucoup plus accessible que le formidable et ambitieux « Tous sauf moi ».
Nathalie
J’avais regardé l’excellent documentaire diffusé sur ARTE à l’ouverture de l’exposition, en me disant que cela ferait office de découverte de cette artiste. Il m’a au contraire donné très envie d’en savoir encore plus et d’aller voir la magnifique et immense rétrospective Charlotte Perriand à la Fondation Louis Vuitton, avec des reconstitutions de ses créations en matière d’architecture et design, et des œuvres d’artistes avec lesquels elle a directement collaboré ou qui ont marqué eux-aussi le XXe siècle. On reste pantois devant le coté visionnaire de cette femme au caractère bien trempé, qui avait su l’associer avec une approche pragmatique et humaine, et intégrer pleinement les cultures qu’elle a pu découvrir à travers ses voyages.
Pour les Franciliens, à voir jusque fin février à la Fondation Louis Vuitton dans le bois de Boulogne
Nathalie
Qui mieux que François Morel pouvait donner à découvrir ou redécouvrir les textes virtuoses de Raymond Devos ? Il y ajoute une jolie touche de musique et de poésie, avec notamment une introduction hommage malicieuse. Toute la famille est tombée sous le charme.
Nathalie
C’était la 2e fois que j’allais voir Colors, spectacle découvert grâce à mon frère féru d’improvisation théâtrale. Une nouvelle fois nous avons ri du début à la fin grâce à cette fantastique troupe d’improvisateurs hors pair ! A ne pas manquer !
Nathalie
Une vraie révélation que cette belle exposition de Gemito, sculpteur méconnu et précoce, au destin fulgurant, issu d’un milieu populaire de Naples et qui vécut durant la 2e moitié du XIXe siècle. J’ai adoré ses sculptures fortes et émouvantes de têtes d’enfants des rues, ainsi que plusieurs de ses portraits de ses amis peintres ou de personnages publics.
Pour les Parisiens, cette exposition se tient encore jusqu’au 26 janvier.
Nathalie
Jolie exposition au Musée Bourdelle, près de la gare Montparnasse, qui se tient jusqu’au 17 novembre 2019 : on y voit des vêtements, surtout des robes des dernières décennies mais pas seulement, installés avec élégance ou humour parmi des sculptures de Bourdelle. Leur dos très travaillé est mis à l’honneur, partie du corps qui est d’habitude la moins montrée dans la mode. Il y a bien sûr la robe de Mireille d’Arc dans « le Grand Blond » mais aussi beaucoup d’autres qui laissent rêveurs ou admiratifs. Presque aussi réussie que l’exposition Balenciaga il y a quelques années dans ce même musée Bourdelle, qui était éblouissante, et qui m’avait donné envie de voir celle-ci bien que je sois tout sauf une fashion victim :-).
Nathalie
Ayant adoré le 3e livre de Francesca Melandri « Tous, sauf moi » , commenté dans ce blog, je m’étais promis de lire les 2 premiers ouvrages de la même auteure. Il évoque la rencontre de deux personnages ayant en commun d’avoir un parent -son mari pour Luisa, son fils pour Paolo- incarcéré dans une prison de haute sécurité située dans une île loin de tout, et qui vont s’y retrouver retenus pendant une nuit, où nous découvrirons petit à petit leur histoire et la façon dont ils vivent cette situation. « Plus haut que la mer » n’a pas la même ambition historique et romanesque que « Tous sauf moi », mais c’est une très touchante et sobre histoire de rencontre et d’un possible amour sur fond de monde carcéral. L’île est un personnage à part entière, avec ses odeurs, sa géographie, ses habitants très particuliers. L’écriture est très fluide et sensible, j’ai beaucoup aimé. A bientôt donc pour le 3e livre « Eva dort » qui est le premier de l’auteure.
Nathalie
Dans le cadre du club littéraire de ma librairie préférée, j’ai dû choisir un livre sur la période de l’entre-deux guerres. Ayant lu et apprécié « le bal » et « suite française » d’Irène Némirovsky, je me suis plongée dans « les feux de l’automne » malgré le titre un peu mièvre… et en ne pouvant oublier qu’en 1942, un an après avoir écrit ce livre -paru de façon posthume-, l’auteure allait mourir en camp d’extermination.
L’histoire commence avant la guerre dans la petite bourgeoisie parisienne, et se prolonge jusqu’au milieu de la 2e guerre mondiale. On y suit les vies de plusieurs personnages : ceux qui ont compris comment profiter pleinement des affaires éventuellement louches et de la vie facile de la période, ceux qui restent modestement dans leur condition, et le personnage le plus intéressant, Bernard, qui oscille entre les deux destins possibles, marqué à vie après avoir vécu l’abjection de la première guerre dans les tranchées.
Je reste un peu sur ma faim sur la description de la période elle-même -beaucoup d’éclipses où on retrouve les personnages quelques années plus tard-, et pas très convaincue par le personnage féminin principal, extrêmement passif, alors que je garde le souvenir de davantage d’esprit et d’originalité dans les écrits pré-cités.
Nathalie
« Attila Kiss, cinquantenaire hongrois en bout de course, tombe amoureux d’une jeune Viennoise riche et cultivée. Tout les sépare : la classe sociale, l’Histoire de l’Empire austro-hongrois, l’ancien mur entre l’Est et l’Ouest. »
J’ai été intriguée et me suis laissée entrainer par l’ histoire d’amour, écrite sans fioritures, de ces deux personnages aux antipodes l’un de l’autre, et le fait que le héros ne puisse s’empêcher de faire porter à l’être aimé le poids de sa nationalité, sa condition sociale et de l’histoire.
par Nathalie
Je recommande très vivement le passionnant et édifiant nouveau livre de Alaa El Aswany « J’ai couru vers le Nil » , dont j’avais beaucoup apprécié « l’immeuble Yacoubian ». Ce nouveau livre évoque la révolution égyptienne de 2011 vue par plusieurs protagonistes de tous bords, traduisant l’idéalisme de jeunes prêts à tout sacrifier mais aussi le cynisme glaçant des pouvoirs militaires, religieux et médiatiques pour détruire le mouvement et ses participants. En plus de ses qualités littéraires qui font qu’on ne veut plus lâcher le livre une fois commencé, je ne peux qu’être admirative du courage de l’auteur : son livre est censuré en Egypte et il est poursuivi par le Tribunal Militaire depuis le 14 mars. Il vit aujourd’hui à New York et a saisi le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection de la liberté d’expression de l’ONU.
Nathalie
« Attilio Profeti, quatre-vingt-treize ans, est officiellement père de trois fils, et d’une fille, Ilaria, qui découvre un matin sur son pallier un jeune éthiopien se disant être son neveu, et le petit-fils d’Attilio. »
Je conseille très chaudement « Tous, sauf moi » de Francesca Mélandri, roman magistral un peu exigeant mais à l’écriture d’une grande finesse, qui évoque, autour des révélations progressives sur le passé d’un personnage trouble, père de l’héroïne, l’Italie mussolinienne, la colonisation en Éthiopie, les magouilles berlusconniennes et l’histoire récente avec les migrants. J’ai adoré et me réjouis à la perspective de lire les 2 précédents livres de cette auteure.
par Nathalie