Michaelle Jean critique l’augmentation des anglicismes

Michaelle Jean, secrétaire générale de l’organisation internationale de la Francophonie (ancienne journaliste et Gouverneur général du Canada), critique l’augmentation des anglicismes, dans un entretien sur France Inter dont je recopie quelques extraits :

« On a le sentiment en France que ce qui fait plus branché, plus connecté, plus juste, c’est le mot anglais. Mais pas du tout. Gardons nos mots ! Et en plus les anglo-saxons s’étonnent de cet espèce de désamour que l’on trouve parfois en France pour le français. »

« Dans beaucoup de médias on remplace le français par l’anglais [s’adressant à Patrick Cohen] : vous disiez « news », « side events »… C’est étonnant ! Pourquoi ce désamour ? C’est presque nier une dimension de soit et de notre identité, s’en départir. […]

Quand je suis arrivée ici à Paris, […] j’ai été frappée de voir un syndicat français [parlant à l’occasion du rassemblement du 1er mai] de « Working day festival ». C’est insensé. Premièrement en anglais on ne dirait jamais « Working day » mais « Labour day ». Deuxièmement, quel message envoie t-on à ces jeunes professionnels ? On est en train de leur dire que leur langue ne produit pas d’idées, pas de sens, pas d’idéal, et qu’on va se rassembler sur un appel en anglais. Je le constate au quotidien. Qu’est-ce que cela cache ?

Dans les instances internationales. Les africains francophones sont stupéfaits de voir les français aller au micro et faire leur intervention en anglais. Rien ne les y oblige. Ils le font à l’union européenne, ils le font aux nations unies, et le résultat c’est une perte d’impact. Moi je parle couramment l’anglais mais quand je prend la parole en français volontairement, il y a tout le corps qui parle : la volonté de convaincre dans cette langue en m’investissant totalement. Et je vous assure, ceux qui ne parlent pas français prennent tout de suite les écouteurs et on envie d’entendre parce qu’ils sentent mon énergie. Et après je vois des français venir me voir : « c’est formidable l’impact que vous venez d’avoir, moi je me demande pourquoi je l’ai fait en anglais en fait ». Et moi de leur répondre « Je me le demande aussi car rien ne vous y oblige, vous avez raté l’occasion de convaincre dans une éloquence dans une langue que vous maîtrisez bien mieux que l’anglais ».

Michaelle Jean, secrétaire générale de l’organisation internationale de la Francophonie (ancienne journaliste et Gouverneur général du Canada).

Interview France Inter en deux parties. Partie 1 et partie 2.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *